jeudi 25 juin 2015

Une bibliothèque

« […] Sa bibliothèque se trouvait au quatrième et dernier étage de la maison sise au 24 rue Ehrlich. La porte de l’appartement était gardée par trois serrures compliquées. Il les ouvrit, traversa le vestibule dans lequel se trouvait un porte-manteau et pénétra dans son cabinet de travail. Il déposa avec précaution la serviette sur un fauteuil, puis se mit à aller et venir à travers l’enfilade des quatre vastes et hautes pièces qui formaient sa bibliothèque. Tous les murs étaient garnis de livres jusqu’au plafond. Son regard les parcourut lentement de bas en haut. Des fenêtres avaient été aménagées dans le plafond ; il était fier de cet éclairage par le haut. Les fenêtres latérales avaient été murées, il y a des années, après d’âpres luttes avec le propriétaire. Ainsi, il avait gagné, dans chaque pièce, un quatrième côté : autant de place conquise pour les livres. De plus, il lui semblait qu’une lumière venant du haut et qui éclairait également tous les rayons, était meilleure et mieux adaptée à ses rapports avec les livres. En même temps que les fenêtres latérales disparaissaient, s’évanouissait aussi la tentation d’observer les allées et venues dans la rue, une mauvaise habitude qui fait perdre du temps et qu’on apporte incontestablement avec soi en naissant. Chaque jour, avant de s’asseoir à sa table de travail, il bénissait la bonne idée initiale et l’esprit de suite auxquels il devait la réalisation de son vœu suprême : posséder une bibliothèque bien fournie, bien rangée, fermée de tous côtés et dans laquelle nul meuble superflu, nul intrus ne venait détourner le cours de ses graves pensées.
La première pièce servait de cabinet de travail. Un vieux bureau massif, un fauteuil devant et un autre dans l’angle opposé en constituaient tout le mobilier. En outre, il y avait là un divan qui se faisait tout petit et que les yeux de Kien ignoraient volontiers parce qu’il se contentait d’y dormir. Aux murs était accrochée une échelle mobile. Elle était plus importante que le divan et se promenait de pièce en pièce au cours de la journée. En effet, pas une chaise ne venait troubler le vide des trois autres pièces. Il n’y avait ni table, ni armoire, ni poêle pour rompre la monotonie bigarrée des rayons. De beaux tapis épais qui recouvraient partout le sol réchauffaient le demi-jour sévère qui unissait les quatre pièces aux portes largement ouvertes en un seul vaste hall. »

Elias Canetti : Auto-da-fé
Traduit de l’allemand par Paule Arhex
Gallimard, 1968
Extrait publié en décembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne

Tablier


Tablier
Avoir crainte que le tablier ne lève : craindre de se trouver en état de grossesse.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)



Tablier (Droit de), s. m. Bienvenue payée par les apprentis à leur entrée dans l'atelier. Cette coutume est tombée en désuétude à Paris ; mais elle est encore pratiquée, dit-on, en province, et particulièrement dans le nord de la France.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 : Oscar Wilde : Intentions




Oscar Wilde

Intentions
Préface d'Hubert Juin

n° 1817
Série «  Fins de Siècles »

1986
couverture : Éventail sur fond d’or (détail), par Louis Welden Hawkins


(Contribution de SPiRitus)
Index

mercredi 24 juin 2015

Saint-Jean

Saint-jean, s. m. Ensemble des outils d'un compositeur. Ces outils, d'ailleurs peu nombreux, sont: le composteur de fer et le composteur de bois, les pinces, la pointe, aujourd'hui presque abandonnée, le visorium et la boîte à corrections.
Prendre son saint-jean, Quitter l'atelier.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

mardi 23 juin 2015

Fable-express

Dans Aire-sur-la-Lys, il advint une fois
Qu'un voyageur manquât son train, c'est une affaire
Qui n'a rien d'extraordinaire
Il s'était attardé : tant pis pour lui ma foi !

Moralité :
Si tu ne vas pas à la gare d'Aire,
La gare d'Aire n'ira pas à toi.

Alphonse Allais

Rangs

Rangs, s m. pl. Tréteaux sur lesquels les casses sont placées. Un rang est disposé pour deux compositeurs.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

lundi 22 juin 2015

Le Livre | The Book

Source : Butterfly, English-French Magazine (avr. 67 — n° 130)

Pallas

Pallas, s m. Discours emphatique ou plutôt amphigourique. C'est sans doute par une réminiscence classique qu'on a emprunté ironiquement pour désigner ce genre de discours l'un des noms de la sage Minerve, déesse de l'éloquence. Que de pallas finissent par des mastics !

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

dimanche 21 juin 2015

Fable-express

Un mari quelque peu volage
Le lendemain de son mariage
Tua sa femme à son réveil

Moralité :
La nuit souvent porte conseil

Alexandre Pothey

Ours

Ours, s. m Imprimeur ou pressier. Ce Séchard était un ancien compagnon pressier que dans leur argot typographique, les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un ours. (Balzac) Cette expression a vieilli. V. Singe



Ours s. m. Bavardage ennuyeux.
Poser un ours, ennuyer par son bavardage insipide. Se dit d'un compagnon peu disposé au travail, qui vient en déranger un autre sans que celui-ci puisse s'en débarrasser. Une barbe commençante se manifeste souvent de cette manière. Ce mot est récent dans ce sens.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Octave Mirbeau : Le Calvaire




Octave Mirbeau

Le Calvaire
Préface d'Hubert Juin

n° 1775
Série «  Fins de Siècles »

1986
couverture : illustration de Jeanniot pour Le Calvaire, 1905


(Contribution de SPiRitus)
Index

Malheureux (Tour de)

Malheureux (Tour de). Expression récemment introduite dans les journaux et qui est synonyme de Morassier. (V. Morasse et Morassier.)

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

samedi 20 juin 2015

La vente en fascicules

Il a existé un temps privé de télévision où l'une des rares distractions réservées à la population était la lecture à bon marché. Elle prenait place dans les canards, ou les fascicules vendus par colportage, les bibliothèques populaires qui firent florès dans la deuxième partie du XIXe siècle. Il y avait encore la possibilité de se constituer une bibliothèque personnelle en se procurant des petites brochures qui contenaient un récit complet, des romans sur mauvais papiers et enfin d'autres fascicules qui proposaient un récit à suivre que l'on complétait à chaque parution, hebdomadaire ou mensuelle...
Cela ne vous dit rien ?
Ainsi les maisons Altaya ou Atlas ne font guère preuve aujourd'hui d'originalité en proposant de leur côté des séries télévisées découpées en plusieurs DVD - souvent en nombre supérieur à l'édition vendue dans les circuits classiques et donc plus chères globalement. Le procédé existait dans l'édition populaire et semble avoir été répandu. Sue, Ponson du Terrail, Paul de Kock et bien d'autres encore furent également publiés en livraisons, livraisons que l'on conservait parfois précieusement à fins de reliures, pour ceux qui voulaient se constituer une bibliothèque. Pour cela, chaque livraison était numérotée, comme les cahiers d'un ouvrage classique, puisque l'on en avait retiré les couvertures provisoires. Les illustrations fournies à part comportaient parfois des indications d'insertion pour le relieur, afin de lui faciliter le travail. Souvent imprimées sur deux colonnes, ces brochures pouvaient avoir un format respectable : in-4° ou grand in-8°. Le papier n'était guère de bonne qualité car les ouvrages produits en grand nombre à un prix réduit, précisément à une époque ou arrivaient les papiers qui comportaient des fibres de bois (se reporter à l'article sur l'acidité du papier, pour en savoir un peu plus...). De plus, les conditions de conservation des ouvrages n'étaient pas tout le temps idéales : rousseurs, piqures, manques, épidermures, insolations... tous ces mots - tous ces maux - et bien d'autres que j'ai négligés, qui marquent la subtile ou plus directe sénescence d'un livre vinrent atteindre ces productions populaires.
Ainsi, comme par une sorte de déterminisme dans la Sélection Naturelle, le Livre Populaire avait choisi de survivre par la quantité de ses représentants et non par leur capacité de résistance individuelle.
Mais ce n'est pas exactement de cela dont on voudrait parler ici.
Il reste encore des pages vierges pour raconter l'histoire de l'édition populaire.
En effet, si nous connaissons bien Féval, ou Souvestre et Allain, que dire de leurs éditeurs ? Qui connait la biographie de Jules Rouff et de Ferenczi. Et même, qui pourra nous donner sur la longueur d'un livre, l'histoire de la collection Le Livre Populaire, chez Arthème Fayard ? Certes quelques études ont été faites, mais guère de l'importance qui fut portée à leurs contemporains comme Hachette, Calmann-Lévy, Hetzel, etc.
Il aurait fallu explorer les pratiques éditoriales, les méthodes de contrats, les relations qui régissaient ces éditeurs à leurs auteurs (négriers, paternalistes, complices ?) et enfin les pratiques commerciales. Ainsi ces méthodes de ventes par fascicules - qui ne sont pas sans rappeler du reste la pratique des exemplas au moyen âge - trouve-t-elle, comme je disais plus haut, une résonance encore actuelle.
On s'en convaincra en observant les images ci-dessous.





Ce n'est pas tant l'originalité du roman ni l'intérêt des illustrations mais bel et bien la mention qui orne cette couverture conservée qui attise notre attention. Eh oui, le premier fascicule était gratuit ! Gageons que le talent de l'auteur conjugué à l'habileté commerciale de l'éditeur surent séduire nombres de lecteurs !
Signalons que ce lecteur s'embarquait pour une lecture de longue durée puisque ce roman est contenu dans deux forts in-8° de plus de 2000 pages en tout.
La première brochure gratuite ou à prix réduit, rien de tel pour appâter...
Progressivement, cette méthode de vente du livre va se marginaliser, le livre populaire va réduire la voilure, se transformer en livre de poche et ne plus raconter la même histoire, plus aux même personnes.
On a dit que « l'audiovisuel » tuerait le livre. C'est faux.
Il a tué le livre populaire.
Mais, curieusement, sa pratique commerciale va renaître sous les oripeaux de son criminel, à votre kiosque, toutes les semaines.

Billet paru en novembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne.

jeudi 18 juin 2015

Lardée

Lardée, s. f. « Composition remplie d'italique et de romain. » (P. Vinçard.) Vieilli.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

mercredi 17 juin 2015

Une circulaire de Courteline

CABINET DE GEORGES COURTELINE
CENTRALISATION DES INTERVIEWS

Monsieur et cher confrère,

En réponse à votre lettre du...
par laquelle vous voulez bien me demander mon avis à propos de..........
j'ai l'honneur de vous informer que je m'en fous complètement.
Dans l'espoir que la présente vous trouvera de même, je vous prie d'agréer, Monsieur et cher confrère, l'assurance des mes sentiments les plus dévoués.

Pour M. Georges COURTELINE
Le Centralisateur général

J'y fais

J'y fais. J'y consens, j'approuve. On dit J'y fais comme synonyme de Je marche. V. Marcher.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

samedi 13 juin 2015

P.P.C.

Quelques littérateurs ont pris congé avec une dernière parole : saurez-vous dire qui sont les auteurs des phrases suivantes (y'en a des fastoches) ? :

I.
— « Tirez le rideau, la farce est terminée »

II.
— « J'ai trente mille livres de rente et je meurs ! »

III.
— « Je peux vous le confier : Dante m'a toujours ennuyé »

IV.
 — « Pourtant, j'avais quelque chose là ! »

V.
— « Ouvrez donc les volets — de la lumière... plus de lumière ! »

VI.
— « Huit jours avec de la fièvre ! J'aurais encore eu le temps d'écrire un livre », puis dans l'agonie : « Bianchon, appelez Bianchon ! Lui seul me sauvera ! »

VII.
— « Dormir, enfin ! Je vais dormir ! »

VIII.
— « Il va falloir être sérieux là-haut ! »

IX.
— « C'est ici le combat du jour et de la nuit ! », et ensuite : « Allons ! Il est bien temps que je désemplisse le monde ! »

X.
— « Eh bien, je m'en souviendrai de cette planète ! »

XI.
— « Je meurs vraiment au-dessus de mes moyens »

XII.
— « Marinette, pour la première fois, je vais te faire une grosse, une très grosse peine... »

XIII.
— « Je m'ennuie déjà !»

Comme d'habitude, vous pouvez donner vos réponses dans les commentaires.


Post-scriptum : Bien entendu, si vous pouviez éviter les ressources du net, ce serait aussi bien, d'autant que le Tenancier est disposé à vous fournir des indices (mais pas trop, quand même...)

Index

Index, s. m. Décision de la Chambre syndicale des ouvriers typographes qui interdit aux sociétaires de travailler dans telle ou telle maison, par suite d'infraction de la part du patron aux règlements acceptés. Les imprimeries à l'Index sont celles où le travail n'est pas payé conformément au Tarif. Les ouvriers typographes qui consentent à y travailler sont désignés sous le nom de sarrasins.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

vendredi 12 juin 2015

10/18 — Gustave Le Rouge : La guerre des vampires




Gustave Le Rouge

La guerre des vampires

Postface de Pierre Versins
Bibliographie de Francis Lacassin

n° 1078
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

320 pages (311 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1976
Achevé d'imprimer 10 juin 1976

Couverture de Pierre Bernard.
Volume quintuple
ISBN 2.254-00063-5

Table des matières :

La guerre des vampires [7-300]

Postface : Un mystère littéraire, par Pierre Versins [301-309]
Post-scriptum de l'éditeur par F(rancis] L(acassin) [310-311]
Bibliographie, par F. Lacassin [312-313]

Table des matières [314]

Liste alphabétique des ouvrages disponibles au 31 juillet 1976 [315-320]


(Contribution du Tenancier)
Index 

Hannetonné

Hannetonné, adj Atteint de cette maladie spéciale qu'on nomme hanneton. La définition donnée par Alfred Delvau n'est pas exacte. Pour lui, un hanneton est un homme qui « se conduit comme un enfant. » Ce n'est pas cela : le hannetonné agit en vertu d'une idée fixe, et on sait que les enfants n'ont guère de ces idées-là.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Gustave Le Rouge : Le prisonnier de la planète Mars




Gustave Le Rouge

Le prisonnier de la planète Mars

Préface de Francis Lacassin

n° 1077
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

320 pages (315 pages)
Dépôt légal : 3e trimestre 1976
Achevé d'imprimer 10 juin 1976

Couverture de Pierre Bernard.
Volume quintuple
ISBN 2.264-00062-7

Table des matières :

Préface : Gustave LE ROUGE Pionnier de la Science-Fiction ou « Jules Verne des midinettes » ? par Francis Lacassin [7-30]

Le prisonnier de la planète Mars [31-315]

Table des matières [317]


(Contribution du Tenancier)
Index

Gober

Gober, v. a. Avoir de la sympathie pour : C'est un bon compagnon, je le gobe.
Se gober, Être infatué de sa personne.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

jeudi 11 juin 2015

Où l'on perçoit le travail du libraire...

Pourquoi est-on libraire ? On ne répondra pas pour les autres, mais il est au moins un des aspects du métier — je parle pour les libraires d’occasions et bibliophiles — qui vous confirme et même vous relance dans la passion de son exercice : c’est la recherche bibliographique. Certes, l’acte serait décevant s’il se cantonnait à la recension bête des indications résidant dans les ouvrages de référence. Ces recherches vont plus loin, elle font appel à une somme de connaissance qui met en cause la compétence du chercheur. Hors l’aspect technique du livre, les connaissances spécifiques à l’histoire de la littérature en général, un mouvement particulier ou plus spécifiquement à la biographie d’un auteur, à part l’habileté et parfois l’opiniâtreté à retrouver des sources bibliographiques, c’est la capacité à articuler cette somme d’informations qui fait le métier et le plaisir du libraire. Cela se traduit par la présence — facultative, toutefois — de notices dans les catalogues de vente.
Ces notices surviennent souvent en conclusion du descriptif de l’ouvrage (voyez les billets précédents sur le sujet) et se rapportent tantôt aux attributs spécifiques de l’exemplaire (un envoi autographe, un ex-libris, un exemplaire nominatif, par exemple), tantôt aux circonstances de publication (rescapé du pilon ou de la censure, etc.)
Si les renseignement apposés jusque-là dans le catalogue avaient valeur d’objectivité et répondaient à quelques standard précis, la notice devient le champ d’expression de la personnalité du libraire. On a déjà évoqué antérieurement les notices abondantes, humoristiques et fort bien documentée de Pierre Saunier dont les catalogues se conservent autant pour les sources de renseignement autour de livres rares que pour le plaisir de leur relecture. D’autres professionnels sont plus succincts voire muets. Ce silence n’implique pas que le libraire n’a rien à dire. La raison se trouve sans doute dans le fait que nous avons affaire à un bon exemplaire — on veut entendre par là qu’il n’est pas si spécial que cela par rapport à un exemplaire qui aurait un envoi — et qu’il est inutile de gloser dessus, d’autant que, rappelons-le, la place est comptée dans la mise en page d’un catalogue. En fait, la nécessité du recours à une notice développée est à la mesure de l’importance de l’ouvrage : plus l’exemplaire sera précieux, prestigieux, exceptionnel, plus sa notice aura de l’importance. Entre l’absence complète de commentaire sur un ouvrage sur pur fil de Claudel et un notice de trois pages autour d’un rare exemplaire en circulation de l’éditeur Genonceaux (nous pensons ici au Tutu de la Princesse Sapho), c’est une question de rareté, d’exception et bien entendu de valeur (le pur fil vaudrait une vingtaine ou une trentaine d’euros, Le Tutu a été proposé à 8 000 F. à l’époque ce qui permettait que l’on s’étale un peu à son sujet).
Une notice est souvent explicative, elle articule — on se répète — divers éléments pour donner l’explication de la présence de l’ouvrage dans le catalogue et bien entendu celle de son prix. Parfois, la chose est implicite. L’ouvrage est recherché et il n’est pas besoin de s’en expliquer plus avant. Le prix confirme tacitement l’importance de celui-ci. En réalité, ces notices ne s’imposent bien souvent que dans le cadre d’exemplaires ayant une provenance ou bien dans des catalogues spécialisés. Il est en effet important de devoir expliquer la nature particulière de quelques ouvrages très rares dans un domaine qui touche peu de monde. On a sous les yeux un catalogue de Serge Plantureux datant de 1991 et consacré à la criminalistique et à la criminologie. Si Le miracle de la rose de Genet n’a nul besoin d’indication hormis le descriptif physique, Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray (circa 1840) mérite une notice de 500 signes environ. Le Genet — simple édition originale — a été proposé à 3 000 F. tandis que l’ouvrage sur Mettray en faisait 2 000 de plus… Il va de soi que la rareté fait la différence. Mais il y a un autre facteur que nous n’avons pas abordé, c’est l’importance de l’ouvrage dans un contexte donné. Ainsi dans la notice consacré à la colonie pénitentiaire du Mettray, nous apprenons que Michel Foucault a analysé le contenu de cet in-4° oblong dans Surveiller et punir. Nous arrivons donc à une autre dimension de l’ouvrage et une ample justification de son intérêt, fait qui nous aurait sans doute échappé s’il n’y avait eu cette notice.
Les notices comportent, outre des références intellectuelles indispensables, une indication qui peut paraître abstruse au néophyte… Des noms ainsi qu’un chiffre apparaissent parfois. ce sont en réalité des références bibliographiques couramment utilisées et que l’usage a consacré par la mention de leur auteur. Par exemple la mention BRUNET suivi d’un chiffre indique que le libraire à été farfouiller dans le Manuel du libraire et de l’amateur de livres de Jacques-Charles Brunet (1860) consacré principalement aux livres anciens, le chiffre indiquant la page où il a prélevé certaines information pour rédiger sa notice où bien  pour justifier, par exemple, le fait que nous avons affaire à une originale. On vous citera un de ces jours quelques bibliographies régulièrement citées.
Cet aspect particulier du catalogue, le plus passionnant à mon sens tant du point de vue du lecteur que du rédacteur, contribue à la réputation du libraire. C’est également un accessoire indispensable à la formation de l’amateur et du bibliophile. Nul besoin de rechercher fébrilement des catalogues pour s’en apercevoir puisque quelques libraires prestigieux mettent en ligne les invendus de leurs catalogues papier (on vous invite à chercher sur le site Livre-Rare-Book). Bien évidemment, on rencontre plus rarement des notices pour des livres mineurs, même en ligne, car ces recherches prennent parfois du temps et de l’énergie.
On a conscience d’avoir oublié pas mal de choses dans cette évocation. tant pis. Le Tenancier évoque, il ne balance pas.

Faire balai neuf

Faire balai neuf, v. Changer de conduite... quand celle qu'on a laisse à désirer. Il est rare que le balai neuf soit bien solide.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

mercredi 10 juin 2015

lundi 8 juin 2015

Une historiette — parano — de George

Un type entre, la soixantaine, et demande tout de go si nous avons de vieux 10/18.
— Pardon, oui, mais qu'appelez-vous « vieux », et dans quel genre ?
— Hé bien, vous savez, ce sont des livres de poches publiés au début des années 70…
— Oui, je sais, monsieur, j'ai même établi le catalogue intégral de la collection depuis sa création mais je vous demande quel genre de 10/18 vous cherchez : littéraires, politiques, une série précise, un titre particulier ?…
— Oui, je cherche un titre précis, de Michèle Manceaux : Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi !
— Euh, pardon, mais ça ne me dit rien : vous êtes sûr du titre ?
— Oui, oui, absolument : c'est une série de reportages et je faisais partie des interviouvés. Je voudrais l'offrir à mon fils…
 Bon, le titre me disait bien quelque chose mais pas du tout associé à Michèle Manceaux, et pas non plus aux 10/18. Je vérifie tout de même dans les étagères de l'escalier, voyons, voyons… non, rien.
— Désolé monsieur, on n'a pas ça pour le moment.
— Tant pis, je repasserai un autre jour.
Et le type s'en va, et là grosse perplexité de mon côté, un truc qui se met à me turlupiner de plus en plus, au point que je lance une petite requête sur Internet (car, tonnerre ! je suis sûr de l'avoir eu naguère, ce fameux bouquin de Michèle Manceaux, mais ni le titre ni la collection ne cadrent avec mon souvenir imprécis)… Hé ben voilà ! Évidemment que ce n'est pas de Michèle Manceaux : c'est de Jean-Louis Brau, ce bouquin, et pas du tout en 10/18 ! Michèle Manceaux, c'était Cours, camarade, le P.C.F. est derrière toi ! dans l'intéressante mais éphémère collection « La France sauvage » de Gallimard.
Non seulement ce type m'a entourloupé mentalement au point de m'énerver mais en plus il s'avère que Michèle Manceaux vient de casser sa pipe et qu'elle était née — Ouiqui dixit — le 17 février 1933, soit le même jour que George Weaver sur Facebook (c'est la date officielle de la disparition de Julien Torma)…
De quoi devenir un peu parano, non ?
D'autant qu'à bien y réfléchir, ce titre qu'on me demande, Cours, camarade…, ne serait-ce pas une injonction goguenarde à filer impossiblement au plus vite, vu que je viens de me casser la guibolle ?

Décartonner (Se)

Décartonner (Se), v. pr. S'affaiblir, devenir poitrinaire. Terme emprunté aux relieurs.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

Une historiette de Béatrice

— « Ah une nouvelle bouquinerie à Bayonne ! Génial ça !
— Pas tout à fait madame, cette bouquinerie existe depuis 1951.
— Génial ça, félicitations ! Et c’est vous qui l’avez créée ? »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en juillet 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Cadratins

Cadratins. s. m. pl. Petits parallélépipèdes de même métal et de même force que les caractères d'imprimerie, mais moins hauts que les lettres de diverses sortes. Ils servent à renfoncer les lignes pour marquer les alinéas et portent sur une de leurs faces un, deux ou trois crans.
Jeu des cadratins. On joue avec ces petits prismes rectangulaires à peu près comme avec les dés à jouer. Les compositeurs qui calent, et même ceux qui ne calent pas, s'amusent quelquefois à ce jeu sur le coin d'un marbre. Quand le joueur n'amène aucun point, on dit qu'il fait blèche. Il va sans dire que l'enjeu est toujours une chopine, un litre ou toute autre consommation.

Les typographes appellent aussi cadratin le chapeau de haute forme, désigné dans l'argot parisien sous le nom si juste et si pittoresque de tuyau de poêle.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Paul-Jean Toulet : Œuvres diverses




Paul-Jean Toulet

Œuvres diverses
Préface d'Hubert Juin

n° 1774
Série «  Fins de Siècles »

1986
couverture : Paul-Jean Toulet photographié à l'île Maurice


(Contribution de SPiRitus)
Index

Balade, Balader (Se), Baladeur

Balade, s. f. « Promenade, flânerie, » dit Alfred Delvau. C'est vrai ; mais, pour les typographes, la balade est quelque chose de plus ; c'est une promenade au bout de laquelle il y a un déjeuner, un dîner, ou tout au moins un rafraîchissement; c'est aussi la promenade au hasard et sans but déterminé ; mais il arrive presque toujours que l'un des baladeurs a une idée lumineuse et entraîne ses camarades dans quelque guinguette renommée.

Balader (Se), v. pr. Flâner, se promener sans but déterminé.

Baladeur,  adj. Qui aime à se balader, à faire une balade.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

dimanche 7 juin 2015

10/18 — Alphonse Allais : A se tordre / Vive la vie / Pas de bile !




Alphonse Allais

A se tordre / Vive la vie / Pas de bile !
Préface d'Hubert Juin

n° 1693
Série «  Fins de Siècles »

1985
couverture : Le Poker (détail), bois gravé par Vallotton


(Contribution de SPiRitus)
Index

Amphibie

Amphibie, s. m. Ouvrier typographe qui est en même temps imprimeur ou correcteur.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

« Duck you sucker ! »

Il y a quelques jours, George vous proposait une devinette sur un passage connu de Il était une fois la révolution. On ne pouvait manquer ici de vous présenter le passage concerné dans le film (désolé pour la vf…)
 

 
Et pour que vous ne le manquiez pas chez votre bouquiniste préféré, voici la couverture de l’ouvrage dans son édition française.
 
 
Il est à noter que, comparant le nombre de pages entre l’édition en langue anglaise (154 pp) et la présente (192 pp), la différence probable réside dans le fait que les mots français sont un peu plus longs en général et aussi à cause de la mise en page. On déduira que, contrairement à la coutume, cette Série Noire n’a pas été caviardée pour respecter les contraintes de fabrication. On tempèrera notre enthousiasme en confirmant que cet ouvrage semble bien une novellisation puisque la trame et les incidents du film sont reproduits assez scrupuleusement — ce qui arrive rarement quand il s’agit d’une histoire originale adaptée au cinéma — seules quelques petites scènes de liaisons ont été introduites. On ne fera pas la part de ce qui est dû à l’adaptateur ou au traducteur pour le contenu de cet écrit, tant notre esprit critique est obéré par le souvenir vivace du film. On se contentera de déclarer l’ouvrage lisible.
Pour le reste, reportez vous aux commentaires de la devinette…
(Le Tenancier remercie son ami Éric de lui avoir fourni ce volume, par ailleurs exemplaire du Service de Presse, hé hé !)

Zig, Zigue

Zig, Zigue : Compagnon, ami. — « Entrez, nous sommes tous ici de bons zigues. » (Monselet.) — « Je suis un bon zig, il a l'air d'un bon enfant, nous nous entendrons. » (Montépin.)

Zigue : Finale ajoutée arbitrairement à certains mots : « Cavale tezigue vers mesigue : Cavale-toi vers moi. » (Paillet.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

Je suis l’auteur de L’insurrection qui vient

« Je suis l’auteur de L’insurrection qui vient
Le parquet du tribunal de grande instance de Paris vient de demander le renvoi en correctionnelle de huit personnes, dont trois pour actes de terrorisme, dans l’affaire dite « de Tarnac ». Une affaire lancée voilà sept ans par une opération à grand spectacle qui avait vu les forces de l’ordre cagoulées se déployer autour d’une « épicerie tapie dans l’ombre ». La défense pugnace des mis en cause et quelques enquêtes sérieuses ont permis depuis longtemps à tout un chacun de comprendre qu’il s’agissait d’une opération de communication du pouvoir sarkoziste de l’époque. Une opération que, par esprit de corps, la police et la magistrature, avec l’appui du personnel politique au pouvoir aujourd’hui, n’ont pas voulu démentir. Et quel pouvoir peut-il, de nos jours, se passer de l'antiterrorisme, ne fût-ce que pour remonter brièvement dans les sondages ?
Dans le récent réquisitoire, un acte de sabotage présumé, qui ne pouvait en aucun cas entraîner de dégâts humains, qualifié d’ordinaire comme « acte de malveillance » est devenu un acte cherchant à imposer une idéologie « par l’intimidation et la terreur ». Pour effectuer cette transmutation, le parquet s’appuie sur un livre : L’insurrection qui vient, ouvrage dont, tout en reconnaissant qu’il est le fruit d’un travail collectif, l’accusation décide arbitrairement que Julien Coupat est « la plume principale ». Et cela, contre les déclarations réitérées de l’intéressé. L’enjeu, pour les magistrats, est de créer une figure de chef, tant il leur est difficile d’imaginer une pratique politique qui s’en passerait.
Que des juges s’attribuent ainsi la compétence d’entrer dans le délicat travail de l’écriture ne peut laisser indifférent ni un auteur ni un lecteur de livres. Cela laisse d’autant moins indifférent quand on considère que l’intimidation des populations est la politique réellement poursuivie par tous ceux qui pratiquent le chantage au chômage pour imposer la paix sociale, et que la dénonciation de la « terreur » cache de plus en plus mal les pratiques proprement terrifiantes des forces armées « démocratiques » dans nombre de théâtres d'opérations extérieurs.
L’insurrection qui vient est avant tout un ouvrage, discutable et discuté, critiquant la société capitaliste. La liberté d’expression ne saurait se limiter au « droit au blasphème » : qu’un livre politique devienne la pièce centrale d’un procès où de lourdes peines de prison sont encourues, prouve de manière irréfutable qu’il s’agit bien d’un procès politique.
Nous avons le droit de dire qu’il faut transformer le monde. Nous avons également le droit de dire que, comme souvent par le passé, à l’instar de ce que rappelle l’Histoire, cela ne se fera probablement pas dans le strict respect de ses lois et règlements. Traiter en « terroriste » ce qui a trait à la révolution, ou du moins à sa possibilité, est de très mauvais augure. D'ailleurs, cela n'a pas porté chance à un Ben Ali ou un Moubarak.
L’insurrection qui vient est une expression parmi bien d’autres d’un courant de critique de la civilisation capitaliste. Si ses positions sont discutables, c’est toujours du point de vue de cette entreprise multiforme de critique du vieux monde dans laquelle je me reconnais et qui n'appartient à personne.
C’est pourquoi il me semble important de passer enfin aux aveux : le véritable auteur de L’Insurrection qui vient, c’est moi. »

On peut également aller signer et ainsi se déclarer l'auteur de cet ouvrage.

Youte, Youtre

Youte, youtre : Juif. — Germanisme.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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[Note du Tenancier : Votre serviteur a hésité un instant avant de publier cette définition. A une époque où un entarteur se fait traiter d’antisémite et où chaque mot est évalué au travers d‘un a priori où les intentions ne sont jamais éloignées, fallait-il nous exposer et exposer ce mot ? Nulle part ici on a proclamé l’ambition d’être exhaustif. D’un autre côté, on a peu d’appétences pour la censure. Ces mots dégueulasses existent. Ils sont le reflet d’un société marginale qui a pu se montrer très souvent sexiste, raciste, etc. Le truand est parfois le plus sûr ami de l’ordre et il arrive que cet ordre soit « nouveau », comme pour ces messieurs de la Carlingue. L’idéal serait que les lecteurs de ce blog soient intelligents et ne méconnaissent point  l’idée qui sous-tend cette rubrique qui, pas neutre de toute façon, entend reproduire certains mots très fortement connotés parce qu’ils existent et non parce qu’on les approuve. Que ces lecteurs soient intelligents tombe sous le sens, ils ne fréquenteraient pas ces pages sinon. Aux égarés vindicatifs, adeptes de la prétérition en matière de dialectique ou amateurs du mot «Youtre » que ce soit ouvertement ou mezzo voce, le Tenancier les emmerde.]
(Voir aussi à ce sujet notre introduction à cette rubrique.)

mercredi 3 juin 2015

Une historiette de Béatrice

— « Bonjour, vous avez le dernier Trucmuche ?
— Non madame, pour les nouveautés du hit-parade ce n’est pas ici qu’il faut venir.
— Excusez-moi, je croyais que c’était une librairie. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en juin 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Vache espagnole (Parler français comme une)

Vache espagnole (Parler français comme une) : Parler un très mauvais français.
Certains néologistes ont imaginé de modifier encore cette expression qui devient alors tout à fait dépourvue de sens : — « Incontestablement, M.B... s'est montré habile... sa rhétorique comme celle de M. L..., parle un français de vache enragée et prétentieuse. » (Paris-Journal, juillet 72.) — Pour s'expliquer le mot, il faut savoir qu'on a dit dans le principe : Parler comme un vacce espagnol, par allusion aux habitants des provinces basques de l'Espagne cédées à la France (Bayonne et Mauléon), qui s'exprimaient difficilement en français. On disait alors vacce pour basque. On a dit ensuite vache pour vacce, ce qui n'est plus du tout la même chose, et on dit enfin vache enragée pour vache espagnole, ce qui est pis encore.
Qu'on se moque après cela des étymologistes !

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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mardi 2 juin 2015

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.



On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
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* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

Tabatière (Ouvrir sa)

Tabatière (Ouvrir sa) : Peter — Allusion au bruit qu'on faisait en ouvrant les tabatières sans charnière. — « Que son ponent te serv' de tabatière. » (L'après-souper de la Halle, XIIIe siècle.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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La description matérielle des livres dans les catalogues

Nous avons fait connaissance avec la nature du livre proposé, maintenant, si vous le voulez bien, nous allons descendre dans le local technique. Un livre, de bibliophilie ou d’occasion, diffère du livre neuf par le fait qu’il possède une histoire personnelle. Si la description d’un livre sorti à peine de chez l’imprimeur ne mérite que la mention « neuf », les autres ont pu subir des vicissitudes ou des enrichissements. Pourtant, beaucoup de catalogues ne donnent pas l’état des ouvrages. Cela signifie simplement que l’ouvrage est en très bonne condition. Quand un libraire édite un catalogue, les ouvrages qu’il propose sont réputés en excellent état, sauf mention contraire… On peut donc dans la rédaction abandonner les mention Très bon état ou, pire, tbe (qui donne l’impression de lire une annonce pour club échangiste). On sait très bien que cette omission volontaire n’est plus d’usage dans certains catalogues (surtout en ligne) car les amateurs ne seraient pas rassurés s’il ne trouvait pas confirmation de ce fait allant de soi. Le fait est que cette omission est le plus souvent pratiquée par les libraires bibliophiles dont la clientèle est habituée aux usages. Le métier de libraire d’occasion s’est quelque peu dévalorisé en ne suivant pas l’éthique de ses confrères et a dû adopter le mode de description de la brocante, encouragé en cela par les bazars en ligne et sites dont « livre » et « produit » sont à peu près synonymes. Quand on parle d’arasement par le bas, cela arrive également dans les pratiques professionnelles.
Certes, qu’est-ce que cela peut faire qu’on mentionne ou non le bon état implicite de l’ouvrage ? C’est que dans le catalogue papier, chaque ligne compte, voire chaque signe. Cette section vouée à la description matérielle du livre est sous le régime de la contrainte de place, c’est l'endroit où règne l’abréviation qui permet de gagner une ligne par item proposé et donc à terme d’ajouter un peu plus de livres. Ainsi un
in-douze broché, couverture illustrée, 228 pages — Édition originale

se transforme bien souvent en
in-12 br., couv. ill., 288 pp — E.O.

Un autre aspect de la question tient à ce que le libraire garantit l’état des ouvrages, alors à quoi bon le souligner ? Nous évoluons encore dans une pratique marchande désuète ou il y a encore peu, le client payait à réception de sa commande…
On reviendra un de ces jours — comme nous l’avions fait dans notre précédent blog — sur les abréviations qui ont plus ou moins cours entre les pages des catalogues.
Nous l’avons écrit au début, le souci est de rendre compte efficacement du vécu d’un livre, de mentionner le défaut éventuel ou les enrichissements qui peuvent l’accompagner : envois, reliures, lettre autographe ou autres truffe, etc. C’est évidemment cette partie qui fixe le prix de l’ouvrage parmi les autres exemplaires de ce titre. Elle est donc indispensable.
On ne va pas s’amuser ici à donner un cours de description physique de livre. Cela nous emmènerait assez loin parfois dans les réflexions et nous en aborderons quelques aspects un de ces jours également. On ne va cependant pas se priver de donner un exemple :
Que vaut-il mieux ? Donner d’entrée le nombre réel de pages, mentionner la pagination (sachant que les titres, faux titres, gardes etc. ne sont pas numérotés) ou décomposer patiemment chaque partie de l’ouvrage ? Une de ces solution n’est en tout cas pas satisfaisante à mes yeux. Le nombre réel de page donne — lié au format — le nombre de cahiers composant le livre, indication bibliophilique supplémentaire fort utile pour un éventuel relieur ou pour les maniaques (ce qui dans le livre, est un pléonasme, je sais…) Débat un peu byzantin pour les néophytes mais dont on n’épuise pas la substance d’un coup.
C’est arbitrairement que l’on a placé la description physique d’un livre en deuxième position, on la retrouve parfois en queue de notice, au bon plaisir du libraire. Et pour le nôtre. Ce n’est pas une science exacte, au grand dam des créateurs de base de données qui voudraient tout normer. Peut être est-ce une forme de résistance…

Saboche

Saboche : Homme qui déplaît. (Halbert.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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lundi 1 juin 2015

« Donc, ceux qui n'ont rien font une révolution et tuent les autres et, dès qu'ils ont fini, quelques enfants de salauds s'approprient tout et ça recommence comme avant. »

Le Tenancier, cette année, ne jouera pas trop. Comme il est en train de mettre sa bibliothèque en caisse, il manque de références pour faire des devinettes. Il fera des efforts, quand même.. Fort heureusement, parmi les assidus du blog il y a des personnes attentives et secourables. Donc, merci George de proposer cette petite énigme.

D'où vient ce passage ? Il nous faut bien sûr des références précises et complètes.

Juan eut un sourire mitigé :
— Tu crois que je suis stupide et que je ne sais même pas ce que c'est qu'une révolution. C'est un océan de merde. D'un côté quelques gars possèdent tout et de l'autre la plupart des gens n'ont rien. C'est bien ça ?
— C'est cela.
— Donc, ceux qui n'ont rien font une révolution et tuent les autres et, dès qu'ils ont fini, quelques enfants de salauds s'approprient tout et ça recommence comme avant. C'est bien ça ?
— Non, protesta lentement M… En réalité…
— Non ? Qu'est-ce que ça signifie ? Dis-moi si une fois, une seule fois dans ce monde dégueulasse, les choses ne se sont pas passées comme je l'ai dit.

L'Irlandais ne répondit pas. La pluie ralentit un moment et il observa un faible arc-en-ciel à l'horizon, au-dessus des arbres. Il pensait à l'Irlande. Il revivait tristement les sept années qui s'étaient écoulées depuis qu'Arthur Griffith avait fondé le Sinn Fein. Une vive douleur brûla son cœur. Que pouvait-il répondre à Juan ?
— Reprends ta lecture, lui conseilla le Mexicain.

M… ferma son livre d'un coup sec.
— Je le connais par cœur.

Pour ne pas que ce soit trop facile, on vous a enlevé le nom entier d'un des protagonistes. Mais même comme ça c'est fastoche...

Rabiage

Rabiage : Rente. (Halbert.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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