lundi 17 novembre 2014

Dans lequel le Tenancier commence à vitupérer, se fait meneuse de revue et finit par vouloir faire un communiqué

— « Euh… dites, Tenancier…
— Quoi encore ?
— Quelle est votre opinion sur…
— Ah non, ça ne va pas recommencer ? L’autre fois, vous me demandez mon avis sur une connerie ministérielle et paf deux jours après, qu’est-ce qui déboule ? Christine Angot qui cite Duras dans Libération sur le même sujet ! Pour le coup, je me sens mal, moi, j’ai l’air d’adhérer par anticipation. Partant du même principe, comme je vais répondre à vos questions à la noix, on risque de se retrouver à faire de la table tournante en compagnie de Maurice Druon, Michel Droit et Jean Dutourd ! Du gore en direct. Bientôt quand je vais vous voir arriver, faudra que je fasse provision de pattes de lapin ! Merdalors, Christine Angot ! Duras ! Libération ! La scoumoune, quoi.
— Je ne peux pas dire le contraire, Tenancier, mais qu’est-ce que vous êtes ronchon, vous alors !
— Quand on m’importune, toujours.
— Je peux vous poser la question, oui ou non ?
— Vous pouvez toujours essayer, pas sûr que je réponde.
— Alors, c’est Jean-Luc Mélenchon qui…
— Je vois. Laissez tomber.
— Eh bien quoi ?
— Vous alliez me dire que Mélenchon n’aime pas Assassin Creed parce que ça dit du mal de Robespierre, c’est ça ? Alors ne vous fatiguez pas parce qu’encore une fois vous me posez des questions sur les conneries proférées par mes contemporains et que je m’en bats un peu les choses, voyez-vous.
— Tout de même…
— Pfff… Qu’est-ce que vous voulez que je dise ?... En plus ça va me mettre mal avec des gens que j’aime bien, même s’ils aiment un peu trop les Jean-Luc. En gros, le stalinien au petit pied, là, il est dans son rôle : ça bat de l’estrade, ça vitupère à bon compte, et puis quoi ? On va retirer le jeu de la vente ?
— Oui, mais les valeurs de la République…
— Ouais, les anachronismes relevés par les historiens, les portrait caricaturaux… si vous voulez une analyse sérieuse allez donc voir du côté des historiens. Tenez, il y a un blog consacré à la Révolution, jetez un oeil , on en parle et c’est intéressant. Cela dit, c’est aussi à côté de la plaque, selon moi, au sujet de ce jeu. Et puis, votre République, hein, demandez donc à la Ligue des Droits de l’Homme, vous en aurez des nouvelles.
— Pourquoi « à côté de la plaque ».
— Parce que tout le monde feint de penser que ce jeu qui consiste à dessouder ses — presque — contemporains serait une œuvre de l’esprit. Or ce machin est un produit ludique, distribué certes par une boîte française mais dont la zone de chalandise est le monde entier.
— Et alors ?
— Faut tout vous dire, à vous ? Vous avez souvent l’intention de venir me faire votre numéro ? Bon, j’explique : ces jeux empruntent des marqueurs qui n’appartiennent ni à l’histoire ni à la culture réelle. Les archétypes utilisés — guillotines, drapeau tricolore, Bastille — sont utilisés pour baliser le jeu, ce sont simplement quelques briques disposées pour le repère du joueur, pour lui vendre de « l’exotisme ». Ces éléments font partie d’un fonds qui doit plus aux lieux communs que la complexité du réel.  Ce n’est pas une thèse pour faire réfléchir Kevin sur le côté LOL de la période thermidorienne. Tiens, c’est comme Notre Dame de Paris.
— Ah, Hugo…
— Non ! Disney.
— Une de vos comparaison, encore ?
— Oui : vous vous souvenez de la cathédrale, dans le truc honteux qu’ils osent appeler « dessin animé » ?
— Vaguement.
— Le beau parvis, devant, qui a été dégagé sous… Viollet Le Duc, par exemple ?
— Anachronisme, voilà.
— Oui, mais voulu ! Aussi volontaire que les archétypes utilisés pour Assassin Creed ! Kevin se tape comme de sa première cartouche Sega de l’histoire de la Révolution française. Mathiez ? Inconnu au bataillon. Fume c’est du conventionnel. En revanche on y retrouve toute l’imagerie idiote qui traîne dans le monde entier et c’est normal, c’est un produit avec des vrais morceaux d’artefacts virtuels dedans, c’est du reconstitué après lyophilisation mondialisante, sachant que la première clientèle pour ces machins est anglo-saxonne et qu’Assassin Creed doit plus aux histoires du Mouron Rouge de la Baronne Orczy qu’à un livre d’Histoire de l’école primaire. C’est de l’imagerie à touriste, rien d’autre. Bref, de la connerie en barre, mon cher. Même pas de quoi s’insurger, c’est un produit calibré issu de l’économie libérale, fabriqué pour aliéner un chouïa et certainement pas pour conscientiser l’éventuel utilisateur. Ils ne vont tout de même pas se tirer une balle dans le pied… Du reste le peuple y semble considéré comme une bande de salauds. Tiens ! Comme dans Métronome de Lorant Deutsch.
— Sauf que ce dernier fait de l’histoire…
— … comme je suis meneuse de revue à l’Alcazar. Et à mon avis, j’ai plus mes chances. Au fait, à propos de trucs intelligents, vous vous souvenez de la loi sur les publications destinées à la jeunesse ?
— Oui, enfin, je crois. Vous voulez faire allusion au fait que le moindre journal devait contenir quelques pages à vocation pédagogiques, quelque chose comme ça ?
— Vous vous souvenez des rubriques « Le Saviez-vous ? » dans Météor, dans Battler Britton, etc. ? Eh bien, vous savez quoi ?
— Non, mais je ne vais pas tarder…
— Tout juste. Eh bien on dirait qu’il n’y a pas de rubrique pédagogique dans Assassin Creed. Étonnant, non ? Mais il est vrai que c'est un produit classé « 18 ans et plus ». Je me résume : aucun alibi pédagogique, produit industriel calibré, marchandise spectaculaire, une bonne daube contemporaine, quoi.
— Donc, Mélenchon…
— Merci de me remettre sur les rails, mon vieux. En définitive, je lui donne raison de ne pas être content. Étant donné qu’on nage dans le bonheur, que le stade ultime de la lutte des classes a abouti à l’utopie socialiste, les seuls moments d’exaltations militantes se situent bien au niveau de la critique d’un jeu vidéo.
— Vous persiflez.
— Moi ? Jamais ! Je ne me permettrais pas, voyons. N’empêche que je me ferais bien une partie. J’ai vu des mômes jouer sur des versions antérieures, c’était assez bluffant.
— Vous jouez, Tenancier ? J’aurais jamais cru.
— De temps en temps sur des jeux de stratégie, mais attention, hein, y’aurait de quoi redire sur les manœuvres des hastatis dans la légion romaine, c’est pas du tout crédible, je trouve !
— Ah ?
— D’ailleurs, je vais faire un communiqué ! Faut pas déconner avec la légion romaine… »

(Post scriptum quelques heures après :  au même moment, le blog Le Moine Bleu fait un billet sur le Jean-Luc. On adore).

Jacques (Aller à Saint)

Jacques (Aller à Saint). v. Faire des bourdons. « Un compositeur que l'on envoie à Saint-Jacques, dit Momoro, est un compositeur à qui l'on indique sur ses épreuves des remaniements à faire, parce que celui qui corrige les épreuves figure avec sa plume une espèce de bourdon aux endroits omis pour indiquer l'omission. » C'est sans aucun doute de cette grossière représentation de l'espèce de long bâton sur lequel s'appuyaient les pèlerins à Saint-Jacques-de-Compostelle que vient le mot Bourdon. Il faut ajouter que l'expression Aller à Saint-Jacques est actuellement presque inusitée. V. Aller en Galilée, en Germanie.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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dimanche 16 novembre 2014

Une historiette de Béatrice

— « Je vous félicite pour votre caisse à 1 euro, on y trouve aussi de très bons livres.
Un tour dans la boutique plus tard :
— Dites, je me demandais, ce très bon livre à 9 euros est en état très moyen, vous ne le mettriez pas dans la caisse à 1 euro ? »
 
Cette historiette a été publiée pour la première fois en novembre 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Il n'y en a pas !

Il n'y en a pas ! Réponse invariable du chef du matériel, du moins d'après le dire de MM. les paquetiers. Le chef du matériel est chargé, entre autres fonctions, de donner aux paquetiers la distribution et les sortes manquantes. On comprend qu'il soit assailli de tous côtés. On prétend que, d'aussi loin qu'il voit arriver vers lui un homme aux pièces, avant que celui-ci ait ouvert la bouche, il s'empresse de répondre à une demande qui n'a pas encore été formulée par ce désolant : Il n'y en a pas ! Dans quelques maisons, Il n'y en a pas ! est remplacé par Derrière le poêle !

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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vendredi 14 novembre 2014

Balades dans la Cité de la nuit — III

A cette époque, je n’avais pas pris de drogue et il ne m’était pas venu à l’esprit d’y toucher. Je me mis en quête d’un acheteur pour les deux articles et c’est ainsi que je fis la connaissance de Roy et d’Herman. Je connaissais un petit truand natif de New York qui travaillait comme cuistot chez Jarro’s, « histoire de se faire oublier », comme il l’expliquait. Je l’appelai pour lui dire que j’avais quelque chose à fourguer et lui donnai rendez-vous à l’Angle, un bar de la 8e Avenue près de la 42e Rue.
Ce bar était le quartier général des voyous de la 42e Rue, une bande de petits demi-sel. Ils étaient perpétuellement à la recherche d’un « cerveau » capable de monter des coups et de leur dire exactement ce qu’il fallait faire. Comme aucun « professionnel » n’aurait accepter de s’acoquiner avec des types aussi visiblement paumés et ratés, ils s’obstinaient à chercher, tout en racontant d’énormes bobards sur leurs gros coups, se faisant oublier en travaillant comme plongeurs, barmans ou serveurs, tabassant à l’occasion un ivrogne ou un pédé timide, toujours à la recherche du « cerveau » sur une grosse affaire qui leur dirait un jour : « Je t’ai bien observé. Tu es le type dont j’ai besoin pour ce coup. Maintenant, écoute-moi… »
 
William Burroughs : Junkie — 1953
(Trad. Catherine Cullaz et Jean-René Major)

H !

H ! Exclamation ironique qui est employée dans une foule de circonstances. C'est l'abréviation du mot hasard, dont on se sert également. H ! ou hasard ! est employé ironiquement et par antiphrase pour dire qu'une chose arrive fréquemment. Un poivreau vient-il promener sa barbe à l'atelier, H ! s'écrient ses confrères. Quelqu'un raconte-t-il une sorte un peu trop forte, son récit est accueilli par un H ! très aspiré et fortement accentué.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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Où le Tenancier montre qu'il n'est pas citoyen, pérore sur les salles d'attente et fait un pléonasme

— «  Dites donc, Tenancier, vous avez une opinion, vous, sur Fleur Pellerin ?
— C'est-à-dire ?
— Ben… ses déclarations sur Modiano ou, vous savez, la déclaration où il s’agissait " d’aider le public à se frayer un chemin dans la multitude des offres pour accéder aux contenus qui vont être pertinents pour lui ", par exemple. Entre parenthèses, je suis confiant, elle a pas fini d’en dire encore !
— Oui, bon, ça vous intéresse vraiment ?
— C’est une ministre, tout de même…
— Eh bien ce n’est ni la première ni la dernière personne à dire des conneries à un poste ministériel, je ne vois pas en quoi ça devrait vous agiter plus que ça, mon vieux…
... Allez, je ne vais pas faire ma rosière plus longtemps, je suis d’accord : Fleur Pellerin a dit n’importe quoi et la seule justification qu’on peut lui accorder, c’est la franchise de son ignorance quand on lui retire ses béquilles pour le cas de Modiano et le fait qu’elle agit au mieux de ses compétences pour un boulot qui n’est pas fait pour elle, visiblement, pour ce qui concerne ses discours d’énarque.
— Le Principe de Peter ?
— Ça, ce serait dans le cas où elle atteindrait son niveau d’incompétence. Non, simplement, elle est dans le cas d’un cadre d’une grande boîte qui gazait raisonnablement dans le service logistique et qui, à niveau égal, se retrouve dans le marketing. Il ne sait pas faire, mais il est plein de bonne volonté, quoi. Ce n’est pas tout à fait de l’incompétence si on se met dans l’optique de ces cadors.
— Alors comme ça, vous lui fournissez des excuses ?
— Eh bien là, je rigole et je me tape sur le ventre ! Entre nous, c’est le fait de vouloir être ministre qui devrait être prétexte à nous fournir des excuses. Elle n’a pas refusé le poste, que je sache, hein. Je n’excuse pas, donc, je justifie la sottise ministérielle, qui est somme toute consubstantielle à la pratique du pouvoir. Fleur Pellerin est plutôt un beau reflet de la république bourgeoise (pléonasme, il n’y en a pas eu d’autres) dans le sens où elle est composée de bourgeois également : sensibles à la versatilité des modes, anglicisants jusque dans leur langage vernaculaire, accrocs aux hochets conceptuels ou consuméristes, etc.
— Oui, mais elle est ministre de la culture, tout de même ?
— Et alors ?
— Je ne sais pas moi, elle pourrait coller à la fonction, non ?
— Ah mais je suis persuadé qu’elle fait les efforts pour ça. Je ne me fais pas de soucis, les conseillers vont plancher, et contrairement à ce que vous pensez elle va dire moins de conneries.
— Mais les précédents ministres de la culture étaient un peu plus cultivés.
— Bouais… Z’avez pas bonne mémoire, vous. Enfin, on va coller à l’idée et je vais même venir au secours de votre ébauche de raisonnement. Les ministres de la culture, c’est comme les toubibs.
— Hein ?
— Vous avez été malade et vous avez été chez un toubib, non ? Comme on est de la même génération, vous avez fréquenté les salles d’attente dans votre mômerie pour un grippe ou une autre crève quelconque. Et vous n’avez pas vu la différence avec maintenant ?
— Euh…  Comme ça, à froid, je ne vois pas.
— La bibliothèque, mon vieux, la bibliothèque ! Dans le temps, le morticole nous en mettait plein la vue en casant une bibliothèque vitrée dans la salle d’attente. Dans le pire des cas, on avait du Balzac en club et au mieux des nouveautés littéraires qui donnaient d’ailleurs une idée de l’âge et des opinions du propriétaire des bouquins. Voilà : le toubib, c’était le notable, la moyenne bourgeoisie abonnée au Rotary et qui avait une bibliothèque. On sentait le passage obligé à une représentation de la culture, un obscur surgeon d’humanisme qui était lié par tradition à la médecine. Maintenant, c’est plus franc, je ne vois plus de bibliothèque chez le médecin ; y’a plutôt des télés, d’ailleurs. Cela dit, ça ne le rend pas incompétent, c’est simplement que la respectabilité ne se mesure plus au métrage de bibliothèque.
— On s’éloigne du sujet…
— Pas tellement, c’est plutôt la même chose avec le personnel politique :  Lamartine fut ministre et poète, Louis Barthou, ministre et bibliophile, Malraux j’en parle pas, et pas mal de présidents du conseil ou de la république se piquaient de littérature. Y’avait presque toujours la bibliothèque de l’Élysée en fond pour la photo finish, même si on sait que cela perdait progressivement de la substance. Bref, la culture, c’était plutôt du sérieux. Et puis là, la mouche dans le lait : Fleur Pellerin ! Vous voyez le rapport, maintenant ?
— Ils s’en foutent ?
— Même pas. Je pense que c’est plutôt un job, le genre de truc qu’on accepte parce qu’on a pas la carrure pour un ministère régalien ou des sottises de ce genre. Vous savez, moi, les petites combinaisons du pouvoir, je m’en cogne un peu.
— Vous n’êtes pas citoyen, Tenancier ?
— Je m’en fous un peu de tout ça. Je vous ai répondu parce que vous me demandiez mon avis. Si être « citoyen » consiste seulement à aller faire sa petite cochonceté dans l’urne à date fixe et ensuite avoir l’air conscientisé, vous pouvez toujours vous brosser. Offrez-moi plutôt un coup à boire, au lieu de vous mettre aussi à dire des conneries !
— Qu’est-ce que je vous sers ?
— … »

Gail

Gail, s. m. Cheval.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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jeudi 13 novembre 2014

Balades dans la Cité de la nuit — II

Ce qui disparaît de Times Square ne peut être retrouvé nulle part ailleurs. Jusqu’à maintenant, c’était le lieu « où se rejoignaient la pègre et l’élite », où les démunis rencontraient ceux qui avaient un peu, voire beaucoup d’argent. C’était là que les gens qui pouvaient se payer des places à soixante dollars pour les spectacles de Broadway croisaient les jeunes et les pauvres, attirés pour les doubles séances  bon marché des cinémas de seconde exclusivité, et les galeries de jeux vidéo. Times square était un carrefour de classes et de races. Un des seuls endroits ou le South Bronx aux bâtiments calcinés pouvait se frotter à un Manhattan regorgeant de magasins bien approvisionnés.
À l’heure où j’écris, la plupart des immeubles qui bordaient à l’origine l’artère principale de Times Square, la Quarante-deuxième Rue, sont condamnés. Les sex-shops ont été repoussés jusqu’à la Huitième Avenue, et gagnent du temps en attendant un décret municipal prohibant l’étalage de matériel pornographique qui n’en laissera subsister que quelques uns. Un théâtre pour enfants, le Victory, a ouvert la voie, comme si une armée d’enfants pouvait parachever la transformation d’un quartier chaud en ville du souvenir. Cette rénovation fut la première ; Disney ouvrit un magasin géant juste en face et a entamé à présent les travaux du New Amsterdam Theater, grassement subventionnés par la municipalité. À quelques rues de là, dans Broadway, trône le Virgin Megastore, côte à côte avec le All-Star-Café, un restaurant à thème sportif au décor de matière plastique. Une sentimentalité factice, génie des banlieues résidentielles, a envahi Times Square. Rien ne l’illustre mieux peut-être que l’usage fait par les nouveaux établissements des reproductions d’acier et de plastique moulé sous vide de frises et de formes Art déco, servant de coup de chapeau cynique au passé architectural du secteur. On a remplacé le sordide par l’ersatz.
Mes dérives nocturnes dans le Times Square d’il y a quelques années suivaient un itinéraire assez régulier qui commençait par un verre dans un bar de gigolos, se poursuivait dans un autre bar repaire du gang portoricain des Latin Kings à Manhattan, passait par un bouge irlandais fréquenté par des homos noirs et une boîte de travestis appelée La Fiesta, avant de s’achever aux petites heures du jour par un clandé situé plus à l’est, où s’élevait l’escalier intérieur construit lorsque l’établissement n’était encore que le domicile d’un particulier.
Je passe de temps en temps dans une des boîtes les plus anciennes du secteur, Sally’s II, une des dernières taules de Manhattan ou se retrouvent encore les travelos de la vieille école. Noires ou hispaniques pour la plupart, ces créatures parées de leurs plus beaux atours jusqu’à la pointe des seins y déambulent au milieu de voyous boudeurs dans des jeans trop larges. Des hommes d’affaires concupiscents en costumes sombres — qui ressemblent toujours vaguement au père de quelqu’un de proche — s’accrochent à leur verre de bourbon en détaillant les « femelles » qui font commerce de leurs charmes. Aujourd’hui encore, les clients sont entraînés dans le tourbillon —  le tango sulfureux des contraires qui rendait le débordement de vitalité des bars du vieux Times Square si menaçant.
Hier soir, comme presque tous les soirs, le personnel rendait hommage à l’univers hétérosexuel. Deux videurs coriaces et blanchis sous le harnais veillaient au grain d’une main de fer, tandis que les travelos à forte poitrine servaient à boire, à la fois garces et nourricières. Il régnait une atmosphère de familia. Tout le monde s’appelait par son prénom et, bien que pour la grande majorité d’entre eux ils ne les aient pas lus, les habitués savaient tous que j’étais « le type qui écrit des livres sur nous ».
 
Bruce Benderson : Pour un nouvel art dégénéré — 1997
(Trad. Thierry Marignac)

Une historiette de Béatrice

— « Bonjour, tous vos livres sont à 1 euro c’est ça ?
— Non monsieur, seulement ceux dans la caisse devant la boutique. »
 
Cette historiette a été publiée pour la première fois en octobre 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Élève

Élève, s. m. Apprenti. V. Attrape-science.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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mercredi 12 novembre 2014

Balades dans la Cité de la nuit — I

Times Square était un monde que j’étais certain d’avoir recherché de mon propre gré — je n’avais pas cédé à l’appel de ce monde. Et à cause de cette certitude, sa séduction, pour moi, était beaucoup plus forte.
Je m’y jetais à corps perdu.
La hargne de l’été s’était abattue sur New York avec la violence d’une bête pantelante. L’implacable chaleur des nuits succède aux après-midi torrides. Les trains grinçant dans le purgatoire des tunnels du métro (comprimant férocement la chaleur, tandis que parfois, dans les voitures cahotantes, un groupe de gosses noirs, pleins d’à-propos, dansent au rythme tropical des bongoes) vomissent les foules — venues de partout — à la station de Times Square… Des visages en sueur encombrent les rues.
Le racolage transi d’hiver devient maintenant le racolage facile d’été.
Dès les premiers beaux jours, la police new-yorkaise pressent l’imminent regain d’activité de la rue, et pendant quelque temps, les journaux sont pleins de comptes rendus de rafles : ARRESTATIONS D’INDÉSIRABLES. Les flics nettoient Times Square. Mais à mesure que l’été avance et que la chaleur se fait plus étouffante, les flics se calment, comme si eux aussi s’enlisaient dans la chaleur. Alors ils se contentaient d’arpenter les rues en vous répétant de circuler, circuler.
On finit toujours par se retrouver au même endroit.
En ce qui me concerne, le schéma qui devait guider ma vie dans les rues se dessinait déjà avec netteté.
Ce n’était jamais moi qui parlais le premier. Je me postais aux endroits de retape et attendais d’être accosté — tandis qu’autour de moi, je voyais des escouades d’autres jeunes types aborder avec agressivité ceux qui manifestement attendaient.
 
John Rechy : Cité de la nuit — 1965
(Trad. Maurice Rambaud)

Débaucher

Débaucher, v. a. Congédier, renvoyer.
Il a été débauché, on l'a remercié, on l'a renvoyé de l'atelier.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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mardi 11 novembre 2014

Paradis pour tous
(et masque à gaz pour les autres)

Le pays de cocagne
 
Le jeune homme, les précédant, leur fait visiter le Paradis. Ils voient une terre très fertile en beaux bois et en prairies. Les prés, splendides et constamment en fleurs, y forment un jardin. Le fleurs sentent très bon, comme il convient à un endroit qu’habitent les saints, un lieu où les arbres et les fleurs font les délices de ceux qui les regardent, et où les fruits et les parfums sont d’une richesse inestimable. Ni ronces, ni chardons, ni orties n’y poussent à profusion ; il n’y a pas d’arbre ni d’herbe qui n’exhale une odeur suave. les arbres sont continuellement chargés de fruits et les fleurs toujours en pleine épanouissement, sans tenir compte de la saison qui ne change pas ; c’est toujours l’été, et le temps reste doux. les fruits sont toujours mûrs sur l’arbre, les fleurs produisent sans cesse leur semence ; les bois sont toujours remplis de gibier, et toutes les rivières d’excellents poissons. Il y a des rivières où coulent le lait. Cette abondance règne partout : les roselières exsudent le miel grâce à la rosée qui descend du ciel. il n’y a pas de montagne qui ne soit d’or, pas de grosse pierre qui ne vaille un trésor. Le soleil ne cesse d’y briller de tout son éclat, aucun vent, aucun souffle ne vient remuer le moindre cheveu, aucun nuage dans le ciel ne masque la lumière du soleil. l’habitant n’y souffrira aucun malheur, il ne connaîtra aucun orage, il sera à l’abri du chaud, du froid, de l’affliction, de la faim, de la soif, de la privation. Il aura tout ce qu’il souhaite, en abondance. Il est certain de ne jamais être privé de ce qu’il désire le plus ; il l’aura toujours à sa disposition. Absorbé par la contemplation de toute cette félicité, Brandan ne voit pas passer le temps ; il voudrait y rester encore longtemps. le guide le mena beaucoup plus loin encore, et lui fit voir bien d’autres choses : il lui décrivit en grands détails les délices dont jouira chacun. il gravit un tertre aussi haut qu’un cyprès, et Brandan le suit ; d’ici Brandan et ses moines ont des visions qu’ils ne parviennent pas à expliquer. Ils voient des anges et les entendent se réjouir de leur arrivée. Ils écoutent leurs grands chants mélodieux, mais en viennent à ne plus les supporter : les mortels ne sont pas de nature à comprendre ou à concevoir tant de gloire.
 
Benedeit – Le voyage de Saint-Brandan
(Texte et traduction de Ian Short)

Chapelain

Chapelain, s. m. Celui des ouvriers qui tient les copies de chapelle. (B. Vinçard.) Inusité depuis que la chapelle n'existe plus.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

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lundi 10 novembre 2014

Presse clandestine

Avant Internet, il y avait les catalogues. Ce qui était vrai pour les 3 Suisses l'était également pour les libraires de tout poil, du libraire d’ancien le plus huppé au pourvoyeur de ballots pornographiques. Tout le monde rédigeait, annotait, collationnait, amendait, fichait, etc.
Voici, en gros comment cela se déroulait avant les ordinateurs :
Le premier stade du catalogue, c’est la fiche. Et là, point de norme propre au bibliothécaire, chacun faisait comme bon lui semblait. Mais ces fiches avaient un minimum de points communs : Auteur, titre, sous titre, date et lieu d’édition, description physique, commentaire, référence bibliographique lorsqu’il y avait lieu, etc. A ce stade, il y avait déjà une indication de prix, lequel serait éventuellement révisé pendant la rédaction de la liste. A l’évidence, on travaillait avec ces fiches pour des commodités de tri mais également comme trace d’une vente passée. Ainsi, le libraire en faisant des fiches, forgeait également sa propre bibliographie et ses cotes.
Ensuite, le libraire se mettait devant sa machine à écrire et commençait à transcrire le contenu de ses fiches dûment triées.
Après, cela partait chez l’imprimeur…
C’est tout ?
J’ai d’autres souvenirs.
Liés à ma propre expérience, cela va de soi, dans une librairie, qui éditait des catalogues.
Précisons que cela se passait au milieu des années 80...
Le fameux catalogue était donc tapé — par une machine mécanique, s’il vous plaît — mais pas sur une feuille de papier. Cela ressemblait plutôt à des stencils qui étaient utilisés sur des duplicateurs à alcool. C’étaient, en quelque sorte des matrices pour offset de bureau. Ainsi, nanti de cette matrice, je descendais dans le sous-sol frais de la librairie, au milieu des éditions originales et m’attelais à ce méchant cube vert sapin et orange qu’était l’offset de bureau. Il fallait fixer cette matrice sur le cylindre, faire un tour avec celui-ci à l’aide de la manivelle, retirer la feuille de papier glacé qui la protégeait, remettre un coup de manivelle en engageant une feuille format 21 X 27 cm. — Eh oui, ce n’est pas une erreur de ma part. Il ne s’agissait pas de format A4… — Une fois la première impression faite, il suffisait de pousser l’interrupteur électrique et veiller à alimenter la machine en papier. Opération qui se renouvelait autant qu’il y avait de pages au catalogue. Le tirage était approximativement de 450 exemplaires et avait une quarantaine de pages.
Venait, une fois l’ensemble tiré, le tri des feuilles pour constituer le catalogue, utiliser toute la surface du sous-sol et tourner dedans en classant les feuilles… j’en ai encore le tournis. Il ne fallait pas oublier la couverture, imprimée, elle, en véritable offset et portant la mention : "Vente à prix marqués" et puis les écussons du SLAM (Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne), etc.
Ensuite, il fallait constituer des paquets d’une trentaine de catalogues et les enfermer dans une presse à main, en grecquer ce qui allait être le dos à l’aide d’un vieux coupe-papier, le recouvrir de colle plastique et attendre que ça sèche. Alors, armé d’un couteau de cuisine, je séparais chaque catalogue en tranchant les dos un par un, tel un boucher impitoyable.
Ensuite, venait l’affranchissement. Seule concession à la modernité, une machine à affranchir permettait de reposer les papilles surmenées par l’atmosphère sèche du sous-sol. Seulement, il fallait alimenter la machine à la main, point de tapis roulant ou autre alimentation automatique, vous rêvez, vous… J’avais donc établi un système un peu ergonomique, à base de boîte en carton et de siège autour de la table où se tenait la machine. De plus, il était nécessaire d’affranchir avant de mettre les catalogues car cette machine refusait les plis trop épais. Ensuite venait « l’ensachage », la fermeture des enveloppes, leur « liassage » et leur « portage » jusqu’à la Poste dans mes petits bras musclés… Près de 14 000 feuilles de papier partaient ainsi dans la nature, l’univers entier et ses abords immédiats.
Deux ou trois jours après, le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Mais ceci est une autre histoire, comme disait Rudyard, que je vous conterai dans un article prochain.
J’ai le regret de signaler que le progrès fit rage dans cette librairie au début des années 90. Tout d’abord, l’on passa du format 21 X 27 au format A4. C’était le début de la fin. Après ce fut l’acquisition d’une IBM à boule qui procura une frappe plus régulière et donc un catalogue un peu plus lisible. Puis, ce fut l’abandon de l’offset de bureau et des heures passionnantes passées dans le sous-sol à lire tout en surveillant la machine. Celle-ci partit dans l’antre des éditions Fornax, où il m’est arrivé de croiser sa présence sournoise. Le catalogue contracta un format A5 et la seule chose qui le différencia de ses congénère fut la couverture verte…
La librairie ferma vers 2000, avant le saut fatal vers les ordinateurs de type 286, voire 386 ce qui eût permis d’envisager des catalogues avec des mises en pages sophistiquées. Si cela avait continué, je sens que – la révolution étant en marche – nous aurions été, à l’heure actuelle, à la veille d’acquérir notre premier ordinateur doté de Windows 3.1
Nous l’avons échappé belle !
Je ne peux même pas vous montrer ces catalogues. Bêtement, je n’en ai pas gardé un seul ! J’en ai une belle quantité, mais point ceux-là.
Alors, à l’occasion, si vous retrouvez des catalogues (21 X 27, de préférence !) de la Librairie Delatte. Ne le jetez pas, siouplaît !
Pensez à moi.
Je suis un nostalgique.

Ce billet est paru en juillet 2008 sur le blog Feuilles d'automne.

Une historiette de Béatrice

— « Houlala, tu as vu tous ces livres ?
— Ben oui papa, on est dans une librairie. »
 
Cette historiette a été publiée pour la première fois en octobre 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Aller en Galilée

Aller en Galilée, v. Remanier, remettre en galée. M. Ch. Sauvestre, qui, lui aussi, est un ancien typo devenu journaliste, nous signale cette expression pittoresque: « Aller en Galilée, dit-il, c'est faire des remaniements qui nécessitent le transport d'une page ou d'une portion de page du marbre, où elle était en forme, dans la galée, sur la casse. Aller en Germanie n'est rien, comparativement au guignon d'aller en Galilée. » Galilée est évidemment une corruption plaisante de galée.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

dimanche 9 novembre 2014

Petit hommage à Daniel Boulanger

Momo :
Et Fido, on dirait un nom de chien…
Fido :
Fido, ça veut dire « Fidèle ».
Ernest :
Pas mal le coup du lait. Mais avoue qu’on a eu la deuxième manche !
Momo :
Mais moi à ta place, j’aurais pas laissé la porte ouverte. D’ailleurs, mon père disait toujours : « Quand t’entends sonner à la porte, dis-toi que c’est l’assassin, comme ça si c’est qu’un voleur, tu seras content ».
Ernest :
Tu travailles bien à l’école ?
Fido :
Comme ça…
Momo :
En quoi t’es le plus fort ?
Fido :
Sciences naturelles.
Ernest :
Moi j’étais fort en rien du tout. Le travail, ça me donne la migraine. Je paye pour les pères et les grands-pères qu’ont travaillé avant moi, toutes ces génération laborieuses…
 

François Truffaut : Tirez sur le pianiste — (1960)

Zéphir

Zéphir : « L'infanterie lègère d'Afrique, dont les hommes sont généralement désignés sous le non de zéphyrs. » (Gandon.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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De la friture sur la ligne éditoriale

On se découvre toujours une joie mauvaise quand on s’aperçoit que l’on est débordé en talent pour ce qui est du courroux et du sarcasme, quand cela porte sur la même personne et pour la même cause. A propos de l’affaire de l’article sur l’ouvrage d’Eddie Breuil consacré à l’attribution des Illuminations, on vous avait fait part il y a quelques temps de nos réserves sur l’honnêteté de la critique livrée dans Libération. Le Préfet maritime, animateur de l’Alamblog exécute ce même critique avec une verve et une justesse que votre Tenancier est bien incapable d’égaler. Il vous convie donc à ce moment de plaisir en vous dirigeant vers ce billet.
Rendez-vous .
Par ailleurs, on vous recommande une nouvelle fois de vous rendre sur le blog de Grégory Haleux pour dauber ensemble les excès de l’exégèse rimbaldienne, les psychanalystes semblant détenir un record assez inégalé en la matière.
Cliquez donc ici.

Yankee

Yankee : Américain. — « Parbleu ! tous les yankees s'appellent Atkins, s'écria M. Jules. » (Du Boisgobey.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 8 novembre 2014

Une historiette de George

Lundi 3 novembre, 20h15, je remballe l'étalage après avoir attendu vainement depuis trois quarts d'heure que la pluie s'arrête.
Normalement ça prend une dizaine de minutes mais quand il pleut c'est plus long car il faut retirer en douceur les boîtes pleines de livres de sous les bâches, les diriger aussitôt à la verticale, les rentrer dans la boutique, etc., en espérant que le vent n'envole pas tout le tralala.
Là, j'en suis à mon deuxième voyage (19, en tout), la pluie glacée ruisselle toujours autant sur les bâches et s'est immiscée dans mon encolure, coule sur mes cheveux et le long de mon dos alors que je porte des lourdes charges à chaque main, un couple arrive, le type m'apostrophe :
« Bonsoir. Dites, combien ça peut valoir, un livre de prières de 1838 ? »
Moi, avec cette eau glacée qui me ruisselle derrière le cou et ces deux gros poids dans les mains, j'ai pas franchement envie de le réjouir, ce pauvre connard qui ne fait attention à rien d'autre qu'à du fric possible pour lui, j'ai même pas envie de lui dire que ça dépend de la reliure, de l'état du livre, etc.
Nan. Je lui réponds juste : « Pas grand-chose, Monsieur. »
Et eux, dépités, « Ah bon… », et de se barrer, et moi de finir de remballer, avec cette eau glacée qui continue de dégouliner atrocement…
Bordel, Un livre de prières ?! Ils n'ont même pas capté qu'ici comme chez Sade on vomit toutes les religions ?
Nan, évidemment.

X

X : Secret. — En mathématiques, X représente l'inconnu. — « On cherche l'X du cœur. » (Texier)

X : Calcul. — « Depuis l'année 40, le fort en X est en proportion constante. » (Les Institutions de Paris.)

X (Tête à) : Tête organisée pour le calcul. — Calembour sur la formule qu'on prononce théta X, employée en mathématiques. — « L'ancien est évidemment une tête à X. » (La Bédollière.)

X : Polytechnicien. — Allusion aux connaissances mathématiques exigées pour entrer à l'école.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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Dans lequel on montre une collection complète

Si une collection a été à l’origine de la redécouverte de Verne auprès du grand public, c’est bien Le Livre de Poche Jules Verne. En quarante-deux volumes, la plus grande partie des Voyages extraordinaires était présentée à un format et un prix abordable. Toute une génération pour laquelle le fameux cartonnage Hetzel était inaccessible put enfin découvrir les textes et les illustrations originales, fort heureusement reproduites, et sous les couvertures élaborées par Pierre Faucheux. La publication de cette série à l’intérieur du Livre de Poche se fera dans une courte période, de 1966 à 1970, certains titres connurent de multiples rééditions et quelques variantes. On regrette que l’intégrale ne fût pas publiée. Sans doute la publication sur une période aussi courte avait un peu lassé le lectorat. Mais il est vrai que les habitudes de l’édition n’étaient pas celles qui avaient cours à l’heure actuelle et que les ouvrages publiés supportaient fort bien l’attente dans les entrepôts des éditeurs et dans les rayons des librairies. Ainsi, l’on pouvait augurer que cette collection allait perdurer aussi bien chez les libraires que dans l’imaginaire des amateurs de Verne. On se contentera ici de présenter les couvertures de Pierre Faucheux, plus favorable à l’imaginaire vernien, selon nous, que les actuelles couvertures de rééditions qui tiennent plutôt de la boîte à bonbons.

2025
Le tour du monde en 80 jours
2026
De la Terre à la Lune
2027
Robur le Conquérant
2028
Cinq semaines en ballon
2029
Voyage au centre de la Terre
2030
Le tribulations d'un chinois en Chine
2031
Le château des Carpathes
2032
Les 500 millions de la Bégum
2033
Vingt mille lieues sous les mers
2034
Michel Strogoff
2035
Autour de la Lune
2036
Les enfants du capitaine Grant
Tome I
2037
Les enfants du capitaine Grant
Tome II
2038
L'île mystérieuse
Tome I
2039
L'île mystérieuse
Tome II
2040
Les aventures du capitaine Hatteras
2041
Un capitaine de quinze ans
2042
Le docteur Ox
2043
L'Étoile du Sud
2044
Les Indes noires
2045
Mathias Sandorf
Tome I
2046
Nord contre Sud
2047
La Jangada
2048
Le pays des fourrures
2049
Deux ans de vacances
2050
Face au drapeau
2051
Kéraban le têtu
2052
Hier et Demain
2053
La chasse au météore
2054
Hector Servadac
2055
Mistress Branican
2056
Le Sphinx des glaces
2057
La maison à vapeur
2058
Le Chancellor
2059
L'école des Robinsons
2060
Le Rayon vert
2061
Un drame en Livonie
2063
Un ville flottante
2064
Maître du monde
2065
Le phare du bout du monde
2066
Mathias Sandorf
2068
L'archipel en feu

On reportera le lecteur, amateur des délices des variantes au petit site réalisé par un amateur : ici.