mardi 7 mars 2017

Pause qui pourrait durer, si...

A l'heure où un nombre conséquent de crétins prétend régenter nos existences au terme d'une farce électorale, considérant que l'attrait pour le présent blog s'amenuise en ces périodes et, de plus, se trouvant fatigué de toutes ces conneries, le Tenancier se vote une pause.
Après, elle pourrait fort bien durer s'il s'avère qu'un parti fasciste accède au pouvoir en France. Il serait à partir de ce moment-là, impossible de faire comme si de rien n'était et de donner des gages de normalité à des gens pour lesquels le soussigné voue un dégoût viscéral.
Cinq ans de vacances, c'est presque autant que sous l'Occup' !...
À bientôt, j'espère.

dimanche 12 février 2017

Lard-Frit

Revenons doucement aux affaires.
Cette période de méditation forcée m'a tenu quelque peu éloigné d'internet (vrai en 2009, ce qui n'est plus le cas en 2017), du moins de la contemplation de ce que font mes petits camarades. Dans un sens, c'est tant mieux.
On a donc pioché dans ce que l'on aime.
Citons pour cette rentrée dans l'atmosphère une production pas blogueuse pour un rond mais qui ravira les papivores qui sommeillent en nous. Il s'agit du site personnel de Jean-Louis Le Breton.
On laissera aux quelques curieux le soin d'approfondir les détails de la carrière(1) du personnage, lequel est aussi intéressant et, je le parie, aussi chaleureux qu'il le fut à l'époque ou je le croisais à Paris. Mézalormedirévou, pourquoi mentionnez-vous ce site ? C'est que Jean-Louis Le Breton fut l'immortel créateur de la revue Lard-Frit(2) et qu'il la propose de nouveau sur ce site au format PDF et de telle manière que vous pourrez reconstituer la série avec un petit coup de massicot ou de cutter, des agrafes, etc. En effet, les numéros sont présentés sous leur forme imposée ce qui signifie que les pages ont été distribuées de telle manière que vous pourrez reconstituer la succession des pages une fois imprimées et le cahier assemblé(3).


Voici donc une manière sympathique de s'initier aux joies de l'imposition de pages en commençant simplement et en enrichissant sa bibliothèque. Le soussigné Tenancier en est fort satisfait car il ne possède que quelques numéros originaux et dans un piteux état. Il faut certes aimer l'umour (oui, je l'ai bien écrit) Fluide Glacial car nombre d'illustrateurs et d'auteurs en sont issus : Ucciani, Carali, Leandri, Tignous...


Ces propos bien pesés et enveloppés, le soussigné retourne au découpage du n°9 de Lard-Frit, c'est dire qu'il n'a pas encore fini(4), car il y a encore les numéros spéciaux à faire.
_____

(1) - Tour à tour et dans le désordre : libraire, musicien, journaliste, écrivain, directeur de revue et immortel auteur de cet aphorisme : "Qui Bogdanoff Bogdabœuf" - on en oublie sûrement.
(2) - Lien sur le site lui-même.
(3) - On parlera de l'Imposition un peu après la notion de Justification... c'est à dire dans quelques temps, pour ne pas trop se mouiller.
(4) - Euh... non, pour rien, parce que c'est rigolo de faire des notes de bas de page.
_____

À ce billet publié en avril 2009 sur le blog Feuilles d'automne, il est nécessaire d'ajouter les divers commentaires qui ont suivi :
(5)- Euh (suite)... Tenancier, je ne vois pas les traits de coupe, vous cutterisez avec quelles marges ?
La lecture à l'écran, du fait de l'absence de foliotage dans cette revue en impose !
Je vois dans cette revue de J.-L. Breton une continuité partielle fort sympathique du combat de son arrière-grand-mère Maria Vérone. Mais bon, on y verra autre chose aussi, hein ?!
ArD
(6) - C'est vrai, ça : pas de traits de coupe ! Heureusement que j'ai un exemplaire original qui mes sert pour les dimensions. Cela prend un peu plus de temps, il est vrai.
J'ai transmis votre sibylline réclamation à l'intéressé, en espérant qu'il pourra y remédier à l'avenir.
Je ne connaissais pas la filiation avec Maria Vérone. Est-elle avérée ? Et sous quel jour la voyez vous, à la lumière de la couverture du n°4, ci-dessus ?
Nous sommes suspendus à vos lèvres...
Le Tenancier
(7)- L'intéressé ne pourra pas commettre grand chose, puisque selon toute apparence il s'agit de numéros scannés. Mais vous pourriez indiquer les dimensions de l'original.
La filiation avec Maria Vérone est établie sur le site que vous citez, chapitre Téléchargements. Je la vois notamment à la lumière du fond plus qu'à celle de la forme.
ArD
(52, parce que y'a pas de raison) - On pourrait tout de même rajouter des traits de coupe sur des images, je n'en vois pas l'incompatibilité foncière.
75 X 105 mm
Ah, je n'est pas été jusqu'aux téléchargements ! En revanche j'ai découvert quelques morceaux que je ne possédais pas de Los Gonococcos ce qui m'enchante...
Le Tenancier
Ah, cher, vous n'avez l'intégrale des Gonococcos ? Dont ce fabuleux "live" que j'avais en cassette et que j'ai malheureusement perdu (Jean-Louis, si tu passes par là, que tu me lis et que tu as encore une de ces cassettes, je suis preneur !!! Transmettre au Tenancier qui fera suivre ;-)
Quant à l'imposition, cela tombe bien, nous sommes bientôt à l'époque du premier tiers...
Otto Naumme
Seigneur Otto, l'avions paumée dans moult déménagements et séparations, ce qui fait que nous en sommes au même point : nibe de cassette ! Mais en cherchant bien, je pense que l'on peut reconstituer dans son intégralité cet élément du Patrimoine Mondial, rien de moins, en surfant un peu. Cela tombe bien, me suis laissé entendre dire que vous aimiez les chemises hawaïennes.
Pour le sujet de l'imposition, vous êtes viré, mon vieux...
Le Tenancier
En tous cas, ça rappelle le bon vieux temps...
Celui d'une certaine radio de ma connaissance où, si je me souviens, nous fîmes justement connaissance de l'ami Jean-Louis...
Oh con, putaing con, donc... (que j'ai toujours le 45t original, là, par contre, avec le mythique Goldorak lou Larzem)
Otto Naumme
Moi tout pareil idem !
Le Tenancier

Accordéon

Accordéon : Chapeau gibus. Il se replie et s'allonge comme l'instrument de ce nom.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

samedi 11 février 2017

C'est un bon début, continuons les coups bas...


Voir aussi par

Une historiette de Béatrice

Lumière éteinte, le bac à 1 euro rentré, la veste enfilée, le sac en bandoulière et les clés à la main je me dirige vers la porte. Il rentre et me demande:
 « Les livres sur la religion c'est dans quel coin ? Vous allez bien rallumer pour moi! ».

Accent

Accent : Crachat, signal convenu entre les voleurs (Vidocq.) V. Arçon.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Accent : Crachat. Synonmye de arçon. V. ce mot.

Jules Valles : Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, 1894



(Index)

jeudi 9 février 2017

Carnet permanent du livre

ArD et le Tenancier, ici, inaugurent une nouvelle page qui réapparaîtra au gré de ses ajouts. Il s’agit ici d’une recension de sites qui évoquent les techniques du livre. On enjoint nos lecteurs à nous suggérer (dans les commentaires) tout lien menant vers la typographie, la codicologie, la bibliophilie, etc. Chaque ajout (après vérification) sera l’occasion d’une remise en avant de ce billet qui le sera de toute façon périodiquement, histoire de ne pas le perdre de vue...
Derniers ajouts : La part de l'ange & Pointypo (typographie), Reliure et autres explication à Trôo (Reliure)



CODICOLOGIE

CODICOLOGIA
    Essentiellement tourné vers le manuscrit ancien. Comprend un glossaire.



O
RTHOTYPOGRAPHIE


ORTHOTYPOGRAPHIE
    Lexique des règles typographiques françaises.



RELIURE

RELIURE ET AUTRES EXPLICATIONs À TRÔO
    Journal de bord d'une artisan-relieur.


 
TYPOGRAPHIE

LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ÂGE DU PLOMB

    Regroupe des catalogues de fonderies et des ouvrages traitant de la typographie.

LA PART DE L'ANGE
    Autour du graphisme et de la typographie.

POINTYPO
    Actualité de la typographie et du graphisme.



Merci de signaler les liens morts

Ronde de nuit


Lundi

Propre sur lui, rillettes sous le bras, c'est le matin. Ça sent le sabot de frein qui chauffe, qui chauffe, le crescendo du moteur électrique, le ding ding du départ, le claquement des portières. Le banc en bois à cette couleur blonde d'un été perpétuel dans les souterrains. La rame Sprague avec quelques à-coups s'enfonce dans la bouche du tunnel.

Chapitre I
Cela avait commencé un matin de juillet. Le soleil s'était levé tôt dans la brume matinale, et les pavés humides fumaient déjà un peu. L'air, dans les rues, était stagnant, sans vie, et sentait le renfermé. Il venait de faire un mois épuisant, un mois de chaleur intense, de cieux arides et de vents chauds, chargés de poussières.
(James Hadley Chase : Pas d'orchidées pour Miss Blandish)

Retour le soir, hâve, derrière la vitre au verre soufflé légèrement déformé dans les coins. Somnolence... le voisin sent le rance.

Mardi

Bruit de raclement de la tirette juste à hauteur des oreilles, sur le banc au dossier bas, couleur prune, "plaisir d'offrir, joie de recevoir" : bruit de graviers dans la boite en fer blanc de Pastilles des Vosges. La rame arrive avec une voix de basse qui se transforme en un sombre hululement au moment du freinage.
Chapitre premier
En amorçant la descente de Bicêtre, j'ai levé le pied, pas mécontent. A ma vue, les lueurs de la place d'Italie scintillaient déjà.
De 120 l'aiguille du compteur a décliné vers les allures honnêtes, pour se fixer à 80, vitesse qui peut à quatre plombes du mat' s'admettre chez un homme pressé, et risque rarement d'induire le motard désœuvré en tentation de courette.
(Albert Simonin : Grisbi or not grisbi)

Le soir, sous les yeux, à une quinzaine de centimètre des yeux, un France Soir comme un mur : photos, manchettes, strips, faits-divers. Les frères Aranci arrêtés, héroïne, ou alors Paul Leca, la Bégum, l'air des bijoux. Terminus. Sirène.

Mercredi

Sol noir avec des reflets de mica, carrelage oblong blanc biseauté. Cabane du chef de station au centre du quai.
On lève les yeux : "Aux utiles de cul", les places numérotées, oui... Arrêt au milieu du tunnel, contre une bande rouge qui marque les limites d'un canton sur cette portion de ligne. Du moins le pense-t-on.
I
Sommeil du petit jour ; le plus profond.
Perdue au fond du lit à couette, elle mit du temps à émerger. On tambourinait et on l'appelait.
- Annette !... Annette, réveille-toi !
La voix de sa mère. Et, de nouveau le tambour contre la porte de sapin.
- Oui !
Elle alluma à la poire du lit, se leva, ouvrit.
- Les gendarmes, dit la mère.
- Quoi ?
- Ils sont en bas. Il veulent te parler, à toi.
- A moi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas. Il est peut-être arrivé quelque chose à André.
Coup de bélier dans les veines. Annette passa machinalement sa robe de chambre... Les planches du parquet de sapin rouge craquaient à chaque pas et, dans ce chalet en location, tout sentait la résine, la fumée de bois et l'encaustique.
(Jean Amila : Noces de soufre)

Le retour. On regarde cette grande blonde un peu chevaline. On fait ses plans pour l'aborder. On rêve de lui ramasser son sac bousculé jusqu'au sol par un virage un peu trop rapide de la rame. Mais on n'ose même pas lui céder sa place...

Jeudi


Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Ça, c'est Paris !
Chapitre premier
Hank comptait l'argent empilé devant lui. Le gros paquet. Cent cinquante billets tout neufs de dix dollars. Il dévisagea Jackson d'un oeil jaune et froid.
- Tu m'en donnes quinze piles, c'est bien d'accord ?
Il tenait à mettre les choses au point. les affaires sont les affaires;
C'était un individu de petite taille, soigné de sa personne, brun de peau, le teint brouillé, le cheveu rare et aplati. Très "homme d'affaires".
- Exact, répondit Jackson. Quinze cent dollars.
Très "homme d'affaires", lui aussi.
(Chester Himes : La reine des pommes)

Soir. Fini. La semaine s'arrête ici, au milieu de gosses et de leurs parents. C'est jeudi. C'est jeudi soir. Demain il part une semaine au pays. Il ne sait pas encore ce qu'il va emporter à lire dans le train.
La rame s'arrête : Porte Champerret, la nuit, les réverbères jaunes et le crachat noir de l'échappement d'un autobus à plate-forme à la hauteur de la bouche de métro...


(Billet paru sur le blog Feuilles d'automne en mars 2009)

mercredi 8 février 2017

Académicien

Académicien : Littérateur surranné. — Injure inventée par les romantiques échevelés de 1830 qui avaient pour principaux adversaires les membres de l'Académie français restés fidèles au genre classique. On ne se doute plus aujourd'hui de la fureur grotesque qui animait les deux partis. V. Mâchoire.
Et cet exemple, des plus curieux, donnera une idée des luttes dans lesquelles on se jetait à la tête le mot d'académicien. Nous le prenons dans une brochure d'Alexandre Duval, académicien et chef du parti qui rendait M. Victor Hugo responsables des passions romantiques.
« Ce que je rapporte ici, je l'ai vu, de mes propres yeux vu. A certaines représentations, on se trouvait environné d'hommes effryants dont le regard scritateur épiait votre opinion, et si, par malheur, votre figure indiquait l'ennui ou le dégoût, ils vous attaquaient par l'étiquette d'épicier, mot injurieux selon eux, qui signifie dans leur argot, stupide, outrageusement bête ; mais si vos cheveux étaient blanchis par le temps, alors vous étiez des académiciens, des perruques, des fossiles, contre lesquels on vociférait des cris de fureur et de mort. Je vous assure, monsieur, qu'il n'uy a rien d'exagéré dans ce tableau d'une première représentation romantique. Tout Paris vous en attestera la vérité » (De la littérature dramatique, lette à M. Victor Hugo, par Alexandre Duval, Paris, 33.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

dimanche 5 février 2017

10/18 — William S. Burroughs : Les cités de la nuit écarlate





William S. Burroughs

Les cités de la nuit écarlate

Traduit de l'américain par Philippe Mikriammos

n° 1622

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume sextuple

408 pages (416 pages)
Dépôt légal : mars 1984
Achevé d'imprimer : mars 1984
ISBN : 2-264-00594-7


(Contribution du Tenancier)
Index

vendredi 3 février 2017

« Cette catégorie de lecteurs a été fabriquée récemment par les éditeurs »

Si vous deviez présenter ce livre à un adolescent d’aujourd’hui, que lui diriez-vous ?
 
Un adolescent ? En littérature je ne connais pas d’adolescent. Cette catégorie de lecteurs a été fabriquée récemment par les éditeurs. Conrad n’écrivait pas pour les adolescents, il écrivait pour tous ceux qui sauraient le lire. Celui qui quitte les livres pour enfants entre dans la littérature. Il y a une initiation, dans Au cœur des ténèbres, une initiation à la présence du Mal. Ce voyage peut se faire à treize ans comme à quatre-vingt-dix. Et si l’adolescence est le passage à l’âge adulte, alors elle n’a qu’un seul intérêt, c’est précisément d’osciller entre ce qui l’attend, le monde auquel elle va devoir prendre part, et le monde qu’elle vient de quitter, celui des livres pour enfants. Il y a une seule réalité, une seul — c’est la rencontre avec l’horrible ambiguïté de Kurtz qui nous dit : faites-moi justice.
 
Interview : Mathias Énard, pourquoi aimez-vous Au cœur des ténèbres.
(in : Joseph Conrad — Au cœur des ténèbres — Garnier-Flammarion)

mercredi 1 février 2017

Absorption

Absorption : Repas offert à la promotion ancienne de l'École polytechnique par la promotion nouvelle. On y absorbe assez de choses pour justifier le nom de la solennelité. — « L'absorption, c'est la réunion annuelle dans laquelle anciens, conscrits et antiques fraternisent aux lueurs du punch et aux glouglous du vin de Champagne. Elle a eu lieu le jour de la rentrée des anciens. » (G. Maillard, 66.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mardi 31 janvier 2017

Une distraction au début de la nuit

La mémoire d'un libraire est souvent encombrée de choses inutiles.
Ce sont les charmes du métier.
Ainsi, celle du Tenancier est parfois hantée par certains titres de livres ou de nouvelles, qu'il n'a pas forcément pris la peine de lire, d'ailleurs. Saveur particulière qui s'apparente au distique, au haïku, poésie brève, saveur qui mène à imaginer parfois tout autre chose que ce qui est énoncé dans le récit. Et souvent, lorsque la rencontre s'effectue, l'on ressent comme une sorte de trahison quand ce n'est pas la plupart du temps de la déception. Quelquefois, il y a d'heureuses surprises.
Voici un bout de la comptine du Tenancier - il en garde d'autres dans un autre écrin car il n'en a pas encore épuisé les étranges saveurs :

— Les jambes d'Émilienne ne mènent à rien
— Qui livre son mystère meurt sans joie
— Violoncelle qui résiste
— Tous les morceaux de la rive du fleuve
— Donnez-moi le temps

Ce billet publié en mars 2009 sur le blog Feuilles d'automne est l'occasion de vous demander quels sont les titres qui composent votre comptine personnelle.

samedi 28 janvier 2017

Un quart d'heure de typographie

[...] « Il accepte de donner à Manuel, non des conseils, mais des indications élémentaires sur la manière dont il faut s’y prendre pour imprimer des livres. La leçon ne dure pas plus d’un quart d’heure. Il débite très vite quelques généralités sur le plomb et l’offset, qualifiant le premier de noble et de tyrannique, le second de cochonnerie de l’avenir. Il montre ses casses, plonge les mains dans les tiroirs et joue avec les caractères : il parle de l’œil et de la graisse. Manuel ne sait pas encore, mais il va apprendre, ce qu’est le plaisir, parfois même le trouble charnel que procure le contact du plomb, son poids, sa douceur, quand il se réchauffe comme un corps vivant et pourtant résistant sous la paume : quand son toucher, insensiblement, devient caresse. FG lui montre des formes, prêtes au tirage, des lignes de linotypie, qu’il a  fait composer à façon pour des livres trop importants dont il ne pouvait assurer seul la composition. Manuel ne sait pas encore, mais il va apprendre, ce qu’est une linotype, cette énorme machine à écrire aux touches innombrables larges comme des dominos, cet orgue de l’écriture où le plomb en fusion circule comme l’air dans les tuyaux de l’instrument de musique pour tomber en lignes brûlantes dans un bruit bref et déchirant d’arc électrique. Il ne sait pas encore que le bon linotypiste, comme l’organiste, connaît des moments de maîtrise et de plénitude, une jouissance incommunicable, qui l’élèvent au-dessus du commun et le rendent, pour le reste, fermé, indulgent et souverain. FG lui explique le registre et la mise, le clichage et le galvano, et les différents types de machines, les presses à plat, à cylindre et à retiration, les formats de papier et pourquoi il y a des demi-jésus et des doubles-raisins ; c’est tout juste s’il ne lui récite pas les dangers du saturnisme.
    Pour finir, il lui lance un catalogue d’imprimeur, comme il existe des milliers, un de ces cahiers de spécimens et où l’on trouve, répétées à chaque page, dans tous les caractères, les corps et les graisses disponibles, la même phrase insipide et tronquée, ainsi qu’un bref mémento des signes de correction dont, pour la majorité, on ne se sert jamais.
    — Avec ce qu’il y a là-dedans, vous en saurez largement assez. Rappelez-vous qu’il n’y a que trois familles de caractères, et pour faire des livres vous n’aurez à en utiliser que deux, les elzévirs et les didots, tout le reste en est plus ou moins dérivé. De toute manière, vous serez bien forcé de prendre les polices que vous trouverez chez votre imprimeur. Il y a peu de caractères vraiment laids, il n’y a que des caractères qui ne vont pas ensemble. Et aussi quelques caractères prétentieux. Rappelez-vous encore que pour les titres, comme pour les affiches, vous aurez à vous défendre de tous les imbéciles que l’on rencontre dans ce métier : ce n’est pas parce que c’est écrit gros que ça se voit.
    » Maintenant, vous en savez autant que moi. Tout le reste est affaire de bon sens personnel, d’habitude et, bien entendu, d’étude attentive des devis des imprimeurs. Vous me les montrerez.
Son sourire tourne à la jubilation farceuse. Muni de ses bonnes paroles, comme d’une bénédiction, Manuel, décontenancé, se retrouve une fois de plus dans le froid de la rue déserte. Aucun de ses conseils ne lui sera d’une quelconque utilité pratique. Mais c’est pourtant à cet instant-là que Manuel devient éditeur. Trois mois plus tard, au printemps commençant, il apporte à FG un exemplaire de son premier livre.
    — Je croyais, dit FG, que vous vouliez éditer de la poésie. »
  François Maspero : Le Figuier (1988)

Absinthe, Absinthé, Absintheur, Absinthier

Absinthe (faire son) : Mélanger l'eau avec l'absinthe, selon certaines règles.
« Il y a plusieurs manières de faire son absinthe : — La plus ordinaire est la hussarde (en versant goutte à goutte). Les militaires de l'armée d'Afrique ont inventé la purée. La purée se fait très rapidement, presque sans précautions, et par le simple mélange d'une quantité d'eau égale à la quantité d'absinthe. L'amazone se fait comme la hussarde, seulement on ajoute deux cuillerées à café de sirop de gomme. La vichy (V. Bavaroise, Suissesse), moitié absinthe, moitié orgeat, et quantité ordinaire d'eau. La bourgeoise (appelée aussi panachée), dans laquelle l'orgeat est remplacée par de l'anisette. » (Almanach du Hanneton, 67)

Absinthé (être) : Être ivre d'absinthe.

Absintheur, Absinthier : Buveur d'absinthe, débitant d'absinthe. V. Perroquet.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

vendredi 27 janvier 2017

La vie ce n'est pas si mal que ça !


Robert Crumb

10/18 — William S. Burroughs : La machine molle




William S. Burroughs

La machine molle

Traduit de l'anglais par Mary Beach
adaptation de Claude Pélieu

n° 545

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

191 pages (192 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 1er trimestre 1971
Achevé d'imprimer : 25 janvier 1978
ISBN : 2-264-00878-4


(Contribution du Tenancier)
Index

Abracadabrant

Abracadabrant : Merveilleux, magique, d'abracadbra, mot employé dans les anciennes conjurations cabalistiques. « Le flûtiste Gerold doit exécuter les variations les plus acadabrantes.» (Figaro, 67.) « C'est écrasant, renversant, horripilant, abracadabrant, de plus en plus fort. » (Almanach du Hanneton, 67.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

10/18 — Jack London : La Vallée de la Lune /2




Jack London

La Vallée de la Lune

Traduction de Louis Postif
revue et complétée par François Postif
Préface de Francis Lacassin

TOME SECOND

n° 865

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'appel de la vie »
Volume triple

441 pages (448 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 2e trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 22 mai 1974

TABLE DES MATIÈRES

Avertissement :
« La Vallée de la Lune a paru pour la première fois aux éditions G. Crès en deux volumes :
Le Tourbillon (1926)
et La Vallée de la Lune (1928)
    Tous deux ont subi de nombreuses coupures d'une phrase à un chapitre, pratiquées surtout dans les critiques du régime capitaliste et de la religion.
    Le rétablissement des passages censurés, une soixantaine de pages au total, fait de notre édition la première intégrale de La Vallée de la Lune en français. »

Préface : George Sterling et la colonie littéraire de Carmel, par Francis Lacassin [7 — 16]

La Vallée de la Lune [17 — 441]

Table du Tome second [443 — 444]


(Contribution du Tenancier)
Index 

10/18 — Jack London : La Vallée de la Lune /1

 



Jack London

La Vallée de la Lune

Traduction de Louis Postif
revue et complétée par François Postif
Préface de Francis Lacassin

TOME PREMIER

n° 864

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'appel de la vie »
Volume triple

440 pages (448 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : 2e trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 22 mai 1974

TABLE DES MATIÈRES

Avertissement :
« La Vallée de la Lune a paru pour la première fois aux éditions G. Crès en deux volumes :
Le Tourbillon (1926)
et La Vallée de la Lune (1928)
    Tous deux ont subi de nombreuses coupures d'une phrase à un chapitre, pratiquées surtout dans les critiques du régime capitaliste et de la religion.
    Le rétablissement des passages censurés, une soixantaine de pages au total, fait de notre édition la première intégrale de La Vallée de la Lune en français. »

Préface : La Vallée de la Lune, ou Le rêve changé en fumée, par Francis Lacassin [7 — 28]

La Vallée de la Lune [31 — 438]

Table du Tome premier [439 — 440]

Liste alphabétique par nom d'auteur des ouvrages disponibles [442 — 448]


(Contribution du Tenancier)
Index 

Aboyeur

Aboyeur : Crieur de bazar ou de vente publique, canardier (V. ce mot), homme chargé d'appeler les prisonniers au parloir. — Allusion au retentissement obligatoire de sa voix. « L'aboyeur est le factotum de la prison ; il a la permission d'aller partout. » (Rabasse.)



Aboyeur : Crieur dans les bazars, les ventes publiques ou dans les rues. Dans les prisons, le détenu qui appelle les prisonniers.

Jules Valles : Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, 1894



Aboyeur n.m. Détenu chargé d'appeler depuis le rez-de-chaussée de la division les prisonniers réclamés au parloir par leurs avocats, ou dans les services administratifs de la prison.
Déjà ainsi nommé à l'époque de Vidocq ○ EXEMPLE : L'aboyeur vient de bonnir ton nom, c'est ton débarbot qui te demande. (Indiqué en ce sens dans le Larousse encyclopédique.)

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

(Index)

mardi 24 janvier 2017

Une charade multiple

Allez, le Tenancier sait que cela vous manque alors il vous soumet cette fois-ci une charade multiple qui ne provient pas comme d’habitude de sa vieille collection du Mercure. Il s’agit ici de trouver trois solutions. Les deux premières sont relativement aisées. La troisième est absolument capilotractée. Cela nous plaît.
 
Mon premier sert aux jeux de l’amour,
Mon second sert à d’autres jeux,
Mon tout fut un grand général.
 
On attend vos propositions dans les commentaires...

lundi 23 janvier 2017

10/18 — Williams S. Burroughs : Queer




William S. Burroughs

Queer

Traduit de l'américain par Sylvie Durastanti

n° 1903

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple

159 pages (160 pages)
Couverture de Pierre Bernard
Dépôt légal : février 1988
ISBN : 2-264-01096-7


(Contribution du Tenancier)
Index

Abouler

Abouler : Arriver. Mot à mot, bouler à. Du vieux mot bouler : rouler. — La langue régulière a dans ébouler le pendant d'abouler. — ° Maintenant, Poupardin et sa fille peuvent abouler quant bon leur semblera. » (Labiche.) Voyez Bocson.
Le pantre aboule ;
On perd la boule,
Puis de la tole on se crampe en rompant
(Lacenaire, Mémoires, 36.)

Abouler : Donner. — « Mais quant aux biscuits, aboulez. » (Balzac, Père Goriot.) — « As-tu de l'argent ? (Je fis signe que oui.) Aboule. Je luis donnai cent sous. » (Commentaires de  Loriot.) « Allons, allons, vieux crocodile ! ne faisons pas tant d'esbrouffes et aboulons simultanément aux voltigeurs les chameaux qu'il a besoin... pour sa consommation. » (Légende d'un caricature de 1830 sur la prise d'Alger.)

Abouler de : Venir de. V. Mômir.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Abouler : Donner, remettre. Venir.

Jules Valles : Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, 1894



Abouler (du pognon) : Donner de l'argent. Ex. : Aboule ton pèze.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)



Abouler v.a. Verbe transitif dans le sens de donner, remettre de l'argent, intransitif dans celui de venir.
Déjà employé par Vidocq dans les deux sens.
EXEMPLE : 1. Le book me doit deux cigues, faudra qu'il les aboule. 2. On avait rencard avec Victor à dix plombes, il va pas tarder à abouler
A tendance à passer dans le langage populaire, déjà indiqué en ce sens dans le Petit Larousse.
Étymologiquement, semble être de la même famille que « bouler » (voir l'expression « envoyer bouler ») et « débouler ». Par adjonction au premier mot du préfixe a qui indique la direction (existe ainsi dans amener, accourir, etc.)
Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

(Index)