samedi 31 janvier 2015

Une historiette de Béatrice

— « 15, 16, 17... tu peux me dépanner de 2 euros, je ne vais pas avoir assez ?
— Ah non, débrouille-toi et vite, tu vas nous mettre en retard !
— C’est que nous allons à la messe madame, je garde ma monnaie pour la quête. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en janvier 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Sabord (Coup de)

Sabord (Coup de) loc. Regard scrutateur, jeté dans le but de s'assurer de l'identité des personnages présents dans un lieu ○ EXEMPLE : Au premier coup de sabord, je ne gaffais pas de frime inquiétante dans ce tapis, ni malfat, ni poulet.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Barbarella

Piqué dans la revue Fascination n° 30 (1986)

Rabat

Rabat : Manteau. — Allusion au grand collet des manteaux anciens qui se rabattait à volonté sur la tête et les épaules.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Rabat : Il rabat. Baisser piteusement la tête ou le nez. (En amour, s'entend)..

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)



Rabat n.m. Rabatteur. Personne généralement polyglotte qui oriente moyennant une commission les étrangers cossus vers les boîtes de nuit, les maisons galantes ou les tripots. ○ EXEMPLE : Maintenant que sa taule était bourrée tous les soirs, Léone virait les rabats. Elle voyait pas la nécessité de se mouiller de bouquets pour des clilles qui rallégeaient d'autor.
Synonyme d'« inter » (voir ce mot).

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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vendredi 30 janvier 2015

Voltaire, mon cul !...

On connaît tous la citation : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » attribuée à Voltaire et qui se révèle apocryphe. On se reportera si l’on veut à l’article de Wikipédia qui éclaircit un peu l’affaire de ce côté-là...
Il se trouve que votre Tenancier, par l’effet d’un inexplicable masochisme, s’est retrouvé dans ce qui aurait dû être un débat avec la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme — en réalité sept personnes autour d’une table et dont votre serviteur était le seul étranger — consacré à « l’après Charlie » semble-t-il. En fait, ce fut le déroulé d’un quasi-monologue d’un des membres qui avec une voix de stentor couvrait les propos plus intéressants d’un de mes voisins, ou d’autres objections fort raisonnables. Parmi les pires conneries qu’on puisse entendre d’un cuistre infatué de sa suffisance* on releva la citation apocryphe citée plus haut, signalée comme telle par votre Tenancier. Il lui fut répondu « qu’un mensonge était après tout très acceptable si cela pouvait servir la cause ». Le même, quelques temps après, alors que le Tenancier s’opposait sur certains points à ses analyses de bistrot lui fut rétorqué par le même que « dans un débat il y en a toujours un qui a raison et un autre qui a tort » avec un plaisir que nous n’avons pas voulu troubler plus avant. Nous sommes partis presque sur la pointe des pieds en nous demandant toutefois où nous avions bien pu tomber (Il faut dire que, par son passé militant, le Tenancier avait des souvenirs d’échanges d’une autre qualité avec la LDH…) Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps et un con ne résume pas forcément une volonté commune. Il se peut que le Tenancier soit tombé sur un îlot, propice aux impasses évolutives ou bien sous l’effet d’une endogamie alpestre. Mais la soirée fut bien longue…
Moralité : La prochaine fois qu’on lui fera le coup de la démocratie en danger, le Tenancier montrera son cul, ce qui vaut mieux que subir les Beria de sous-préfecture.
Du reste, on le sait, le Tenancier n'est pas « démocrate ».
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: Justifiant une éventuelle intervention militaire française en Syrie, par exemple ce qui est assez baroque en soi et qui l’est encore plus quand cette assertion n’est même pas modérée par la présidente de la section locale…

Toasts

Le 20, un grand dîner d’adieu fut donné au docteur Fergusson et à Kennedy par la Société Royale de Géographie. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient à ce repas, qui fut très animé et très fourni en libations flatteuses ; les santés y  furent portées en assez grand nombre pour assurer à tous les convives une existence de centenaires. Sir Francis M… présidait avec une émotion contenue, mais pleine de dignité.
A sa grande confusion, Dick Kennedy eut une large part dans les félicitations bachiques. Après avoir bu « à l’intrépide Fergusson, la gloire de l’Angleterre », on dut boire « au non moins courageux Kennedy, son audacieux compagnon ».
Dick rougit beaucoup, ce qui passa pour de la modestie : les applaudissements redoublèrent. Dick rougit encore davantage.
Un message de la reine arriva au dessert ; elle présentait ses compliments aux deux voyageurs et faisait des vœux pour la réussite de l’entreprise.
Ce qui nécessita de nouveaux toasts « à sa Très Gracieuse Majesté ».
A minuit, après des adieux émouvants et de chaleureuses poignées de main, les convives se séparèrent.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VIII
(Sommaire) 

Quart

Quart n.m. Commissariat de police (voir « lardu »). Découle de « quart d'œil », dont on donne deux étymologies possibles. Selon Lorédan-Larchey (1872), ce mot composé serait un rappel, dans une orthographe en forme de rébus, de l'ancienne robe des commissaires de police, appelée « cardeuil ». Un autre auteur soutient que « quart d'œil » aurait été formé à l'époque où chaque arrondissement de Paris, venant d'être doté de quatre commissariats, chaque commissaire assurait le « quart » de la surveillance (?) ○ EXEMPLE : Depuis la liaison radio entre le quart et les tires de patrouille, les braquage est devenu très glandilleux.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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jeudi 29 janvier 2015

Quand le Tenancier emballait comme une bête...

Du temps où votre serviteur était encore en pleine activité pour sa librairie, il faisait des paquets quotidiennement, ou presque. Voici un billet exhumé du feu blog Feuilles d'automne qui date du mois d'août 2008. Une occasion pour chacun de faire des travaux pratiques. On voudra bien noter que le chat est encore là et qu'il est toujours aussi collant !

Ah la la ! Si vous imaginez que gagner sa croûte de libraire en chambre, c’est facile tous les jours… Moi aussi, je fais ma comptabilité et toutes ces menues choses qui font le délice du petit commerçant. Rassurez-vous, tout de même, je ne vais pas vous faire le couplet « Ah mon bon Monsieur, c’est ben difficile de nos jours, allez ! ».
Non, aujourd’hui, je vais vous montrer des travaux pratiques : l’art de faire les paquets à la librairie Feuilles d’automne (bonsoir, quelle librairie !).
L’emballage des livres est le passage obligatoire pour mon activité. Quelques envois sont expédiés sous « enveloppe-bulle », mais les trois-quarts le sont selon la méthode que je vais vous décrire ci dessous, pour ma plus grande délectation…


Tout d'abord, il faut bien vérifier que l'ouvrage que vous allez emballer est bien celui que vous destiniez à votre client. Au bout d'une dizaine de paquets, il arrive que l'on s'emmêle quelque peu. La facture et les documents doivent être insérés à cheval sur la couverture pour que la personne qui les reçoit ne les rate pas. (Argol, pousse-toi, le chat !)


Ensuite, vous découpez un morceau de papier kraft aux dimensions de l'ouvrage, ici un in-12° assez facile à emballer, ma foi. (Bon, le chat, t'es gentil, mais tu vas ailleurs, hein ?)


Emballage du livre... (Pff...)


Ne pleurons pas sur le ruban adhésif. Ce n'est pas qu'une question d'esthétique. (La vache, y'a des morceaux de poils de chats coincés dans le scotch, maintenant, purée !)


On passe ensuite à la deuxième couche. Le kraft sert essentiellement à protéger le livre de l'encre du papier journal. Le journal, lui, va servir à rembourrer et rigidifier le paquet. (Un quart de table pour ma pomme et le reste pour le greffier, oh !)


Suite de l'opération...


Découpage d'un morceau de carton aux dimensions du livre emballé. Pour plus de précision, on le fera avec une solide paire de ciseaux et non un cutter dont la coupe est assez erratique et peut toujours taillader vos belles mains d'artistes. (Moi, c'est pas le cutter, c'est les griffes de chats)


Toujours faire en sorte que le crénelage du carton soit dans le sens du pli. Cela permet de plier plus facilement le bout de carton et de l'ajuster au livre. (Pousse-toi, Argol !)


On maintient le carton par de l'adhésif brun. Choisissez une marque assez solide et, si possible, équipez vous d'un dévidoir comme le modèle ci-dessus, qui permet quelques économies, notamment en énervements. (C'est le chat qui a repris le flambeau...)


Consolidation des extrémités. A noter que pour les paquets importants, on peut glisser un bout de carton plié dans cet espace et ensuite le consolider avec de l'adhésif. Les paquets doivent résister aux chocs. La taille du livre implique ipso facto une plus grande proportion de carton et de bourrage. Ainsi, un dictionnaire sera emballé avec du carton à double crénelage et le journal sera remplacé par des feuilles plastiques à bulles. En fait, la quantité de matériel utilisé pour un fort in-4° n'est pas proportionnelle à ce que vous utiliseriez pour un in-12°.


Avant-dernière opération : on recouvre (si le chat veut bien...) le tout d'une autre feuille de kraft, elle aussi découpée sur mesure.


Suite de l'opération...


Un coup d'adhésif pour fermer la feuille. (C'est une impression, ou il prend de plus en plus de place ?)


Idem pour fermer les extrémités...


Il n'y a plus qu'a coller l'étiquette. (Bon, maintenant, c'est le bâton de colle blanche qui est plein de poils de chat. C'est plus un bâton, c'est un bonnet à poils !)


Le paquet est terminé. Il n'y a plus qu'à remplir le bordereau d'expédition qui sera collé par le vaillant guichetier de la Poste à la réception de mes colis.
L'opération peut sembler longue et elle est à déconseiller lorsque l'on expédie des livres de poche ou de peu de valeur. Mais la plupart des livres que je vends ont besoin de cette protection. Il est parfois dommage que, sous prétexte d'économie - cela se joue parfois sur 2,00 € - on renonce à ce type d'emballage et que l'on fasse courir des risques aux livres que l'on a commandé. Il me faut en moyenne un quart d'heure pour traiter une commande, entre la sortie du bordereau et le collage de l'étiquette d'expédition. Il va de soi que mes confrères qui s'occupent de livres de poche ou d'ouvrages courants aient recours aux enveloppes-bulles ou bien aux emballages tout-prêts... La vitesse d'exécution et d'expédition est importante.
Mais, par ailleurs, j'ai la faiblesse de tenir encore à ce type d'emballage qui est un lien entre vous et moi, une manière de vous passer un message, puisque je ne suis qu'un "libraire virtuel" : "merci", et "continuez d'aimer les livres comme je les aime". J'ai remarqué que l'on appréciait.

Euh...

Ah oui ! Si vous trouvez un jour un chartreux dans votre paquet, soyez gentils, renvoyez le. C'est que j'aurais été à la bourre, ce jour là.

Pacqsif

Pacqsif n. m. 1. Paquet. ○ EXEMPLE : La noire était là. Dix pacqsifs d'un kilo, bien alignés. On attendait le potard qu'allait la chanstiquer en morphine-base, puis en héroïne.
2. « Mettre le pacqsif » : déployer toutes sa force, employer tous les moyens.○ EXEMPLE : Pour contraindre la tierce de la Popinque à cesser son contrecarre, y allait falloir mettre le pacqsif.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

(Voir aussi Pacson)

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mercredi 28 janvier 2015

Anglicisme

Tysbers s’estut une grande pose.
Si vous dit que ce fu la cose
Qui plus le mat et plus le donte.
Li cuers li dist qu’il avra honte
Et grant anui et grant vergoigne.
Tant doute Renart et resoigne
Qu’il n’ose entrer en sa maison.
Par defors contre sa raison,
Mais il n’iavra ja gaing :
« Renars, fait-il, biaus dous conpains,
Di moi, es tu donc la dedens ? »
Ce dist Renars entre ses dens
Tout coiement que nuls ne l’oie :
« Tysbers, par vostre male joie
Et par vostre male aventure
Soiés entrés en ma pasture !
Si serés vous, s’engiens n’i faut. »
Et puis a respondu en haut :
« Tysbert, fait Renars, Villecome,
Comme se vous veniés de Roùme
Ou de Saint Gile novelement,
Bien soié venus hautement,
Et s’il fust jours de Pentecouste ! »
Que bials parlers rien ne li couste,
Ains le salue humelement.

Tibert s’arrêta un bon moment. Je vous assure que c’est là ce qui l’abat et le mate le plus. Son cœur lui dit qu’il va connaître la honte, de grands tourments et un terrible déshonneur. Il redoute et craint tellement Renart qu’il n’ose pénétrer dans sa demeure. Il lui tient son discours de l’extérieur, mais il n’y gagnera rien : « Renart, dit-il, très cher compagnon, dis-moi es-tu donc là ? » Renart marmonna entre ses dents, à voix basse pour n’être entendu de personne : «  Tibert, puissiez-vous être entré sur mon territoire pour votre tristesse et pour votre malheur ! C’est ce qui vous arrivera si j’ai assez d’habileté. » Puis il répond à haute voix : « Tibert, welcome ! comme si vous reveniez tout juste de Rome ou de Saint-Gilles, ou comme si c’était le jour de la Pentecôte, soyez le très bienvenu ! » car il ne lui coûtait rien de faire le beau parleur, et il le salue avec humilité.

Le Jugement de Renart
 
in : Le Roman de Renart
ed. publiée sous la direction d’Armand Strubel

Obligado

Obligado adv. Obligatoire. Impératif. ○ EXEMPLE : Chez Bébé d'Amiens, les julots qui venaient le samedi relever les comptées de leurs dames mettaient, obligado, une roteuse sur la carante. C'était le bon genre.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Une historiette de George

Un jeune homme élégant, fine moustache et regard vif, entre et demande avec un fort accent italien :
— Bonjour, auriez-vous un livre de Victor Hugo qui s'appelle Le sourire, ou quelque chose comme ça ?
— […] Euh… Hugo… Le sourire, vous êtes sûr ?
— Non, en italien le titre est Il Sorriso mais en français je ne sais pas…
— Et… vous savez de quoi ça parle ?
— Euh… un garçon qui sourit…
— Ah ! l'histoire de Gwynplaine ! Le titre original français, c'est L'homme qui rit. Très beau roman… Mais désolé, non, je ne l'ai pas pour l'instant.
(Fierté et pointe d'orgueil du libraire d'abord un tantinet désarçonné mais qui remet fissa sa cervelle sur les rails)

Nana

Nana n.f. Primitivement fille galante exerçant sous l'autorité d'un jules. Tend de nos jours à désigner n'importe quelle femme jeune et séduisante. ○ EXEMPLE : A droite, les voyous. A gauche, les nanas. Au centre, entourés de cierges aussi mastards que de jeunes arbres, les deux cercueils drapés de noir. (Auguste Le Breton, Du rififi chez les hommes.)

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Gaston Leroux

(Je Sais Tout, 1910)

lundi 26 janvier 2015

Où le Tenancier a du chien...

Lâche-nous (La mère)

Lâche-nous (La mère) loc. Expression signifiant à un radoteur, un raseur, d'avoir à se taire. ○ EXEMPLE : Au rade de Charlot le fort, Pepito commençait :
— C'était sur la frontière de l'Uruguay...
Pour la millième fois on allait avoir droit aux débuts de ce pante aux Amériques. Pas résigné, le taulier demanda :
— Dis... tu la connais la mère lâche nous?...


Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Une historiette de Béatrice

— « Oh le Seigneur des Anneaux !
— Mais ma fille, tu ne vas rien comprendre, c’est en italien. »
— Euh non madame, c’est en basque. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en janvier 2012 sur le blog Feuilles d'automne

dimanche 25 janvier 2015

La Saint Barthélémy des Clebs

« En un sens, la bonne petite Lucette avait quelque chose d’une souris innocente, avec ses yeux ronds, ses dents de petite rongeuse qui semblaient déborder un peu sur sa lèvre inférieure. Elle était fraîche, sentimentale, elle aimait tout… Sauf les clébars !
Alors là, c’était une allergie profonde, un permanent conflit inter espèces, où il n’y avait qu’une solution : la mort !
Elle l’expliquait à son Ciss distrait. Là-bas, dans sa cambrousse, elle avait passé toute son enfance à proximité immédiate d’un chenil, avec gueulements quasi continus de quinze à vingt horribles cannibales qui fonçaient ébranler les grilles de tout ce qui ne leur apportait pas la bidoche.
— Les voisins ne râlent pas ?
— Non, tous les pécores, ils ont des clébars encore plus cons !
Dans une moleskine gris clair, résidu d’un imper, la bonne Lulu avait taillé, cousu et liseré un petit calot avec le sigle « Air France ». Elle s’en coiffait un peu de travers. Elle se voyait sur la ligne Roissy-Los Angeles, survolant la Terre de Baffin. Elle cambrait son petit cul.
— Cher Monsieur Ciss, il fait soixante degrés sous zéro, dehors ? Vous désirez casser la graine ?
— Monsieur Ciss désire baiser l’hôtesse, sans supplément.
— Ho, Monsieur ! Les Français pas sérieux !
Deux mômes heureux ! Et lorsque l’affreux Ciss flagada, se constatait l’éjaculation molle, il se mettaient doucettement à la confection des boulettes de mort subite. Gants plastique et petits sachets de feuille d’aluminium, ils avaient la même joie du bon boulot que les mecs et les gonzesses en blouse blanche préparant la bonne guerre biologique  « dans l’intérêt supérieur de la Nation. »
Ca enfin c’était bien une croisade, et autrement valable que le mignotage de ces connes de guerres destinées à exterminer des humains innocents. Le bon toutou est le toutou crevé, un point, c’est tout ! On voit ça tous les jours, mais il est vrai qu’il s’agit seulement de gens qui n’ont pas le même bon Dieu…
Mort aux clébars, donc !
La caractéristique des ces horribles bestioles, c’est qu’elles n’étaient bonnes à rien d’autre qu’à bouffer. Dudule et Mimir en étaient un bel exemple. A part ça, ils cacataient, pissotaient, dans les courtes promenades où il fallait les tenir, les prier, parfois supplier de lâcher leurs lourdes crottes lorsque le régime du Bistro les constipaient.
— Fais ton gros caca, mon trésor ! encourageait la Tata.
Et Ciss ne pouvait s’empêcher de penser aux centaines de millions, aux milliards de trésors qui bouffaient ainsi le pain du pauvre pour aller le chier plus loin.
On était envahi jusqu’aux intermèdes pubs d’une super télé. Que voyait-on entre les mérites d’un tampon périodique, d’une pastille à bulles gazeuses pour l’hygiène des râteliers, ou d’un produit à récurer les vécés dégueulasses ? Mais voyons il n’y en avait que pour les « trésors » ! La bouffe Oua-oua rendait à fond, en coquilles, en crottes compressées. On voyait d’ignobles clebs se farcir en trois secondes des plâtrées garanties pur bœuf et céréales enrichies, avec bruits de déglutition qui auraient valu la paire de mornifles au môme ordinaire pour lui apprendre les bonnes manières.
— Il adore ça à tous les repas ! Voyez comme il en rote de satisfaction !
Et sans doute toutes les mémères devaient fondre dans leur slip, car le commerce Oua-oua prenait une ampleur phénomène. Les rayons s’agrandissaient, se multipliaient dans les grands magasins, mais aussi jusqu’aux plus humbles boutiques. Et pour quoi faire, tout ce tintouin ? Pour aller redéposer ces ingrédients digérés sous la semelle des promeneurs indulgents, qui auraient par contre trouvé scandaleux qu’un môme se débraguette au long d’un arbre.
Asservissement ! Il n’y avait pas d’autre mot. Les seigneurs et maîtres à quatre pattes pouvaient publiquement, stupidement aboyer, ça faisait simplement partie d’un paysage, c’était admis et reconnu. Ces bestioles étaient des êtres supérieurs !
Même les grandes dames aux noms à rotules des temps jadis, où les palais ignoraient les latrines devaient pissoter sous elles dans les couloirs, à l’abri de leur robe à vertugadin. Là, vertugadin nib ! Pas même l’ombre d’un tutu ! La gueule, le pénis, la vulve, les crottes, tout à l’air !
Le Roi est nu ! Le Roi se répand !
Pourquoi s’étonner de ce qu’il y ait que des mômes innocents pour le constater ? »
 
Jean Amila : Le chien de Montargis
 

Jacot

Jacot n. m. Pince à pied-de-biche, dite pince-monseigneur, servant à l'effraction des portes. ○ EXEMPLE : Le vieux Tintin paume la mémoire. Le v'là qui monte sur un casse en emportant son jacot, mais il oublie les encoinstas dans sa table de nuit.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 24 janvier 2015

Aphorisme

Tous les cannibales vous le diront :
C'est dans les vieux potes qu'on fait la meilleure soupe.

jeudi 22 janvier 2015

Ils (sont pas là)

Ils (sont pas là) loc. verb. Signifie : je manque d'argent. Rapprocher comme construction de « aller les chercher », « ils » et « les » étant employés à la place du synonyme masculin d'argent monnayé ou de monnaie, difficile à identifier ( « sous », « biffetons », « talbins », etc. ). ○ EXEMPLE : Je monterais bien avec vous à Deauville, seulement ils sont pas là !

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 17 janvier 2015

H (De l')

H (De l') loc. Héroïne (stupéfiant). ○ EXEMPLE : C'est vers 1930 que les trafiquants de stup's constatant que les camés à la blanche se désintoxiquaient à la rigolade, ont, sur le marché, introduit l'H, qui donne un manque insupportable.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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